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24/09/2011

Résolution

Voilà, c'est l'automne. Vous êtes donc entrés de plein pied dans ce qu'il est convenu d'appeler la rentrée. Vous êtes emplis de bonnes intentions, vous allez mettre en oeuvre vos résolutions. Vous voulez du changement, vous allez vous faire violence. Roberto Juarroz a peut-être pensé à vous en écrivant cette poésie verticale.

Et puis veiller à ce que se lève

comme un visage sans rictus

la fleur de l'attente,

l'attente de tout,

l'attente de rien,

l'attente de l'attente.

Dès lors sera moins vide

l'espace qu'abandonna l'espoir.

Le geste ouvert de l'attente

est la forme la plus pure de la foi.

08/09/2011

La mort à distance

On aimerait qu'il n'existe pas ce recueil de Claude Esteban, l'ultime, La mort à distance. Il serait aussi simple de ne pas le lire et de ne pas y revenir. Mais on a soldé le compte de la simplicité. L'on sait aussi que les mots du poète aux dernières heures de son voyage seront peut-être, un jour, de solides compagnons...

J'aurais voulu qu'une goutte de pluie

m'abreuve

j'enviais la soif parfaite

des fourmis.

***

Découvrant, déchiffrant

sur chaque grain de sable

l'écriture éclatée

du vent.

***

Nos vieilles blessures

sont les plus précieuses

elles nous épargnent de souffrir

demain.

03/09/2011

A lire

lmdaperros.jpgCelles et ceux qui auront pris un plaisir récurrent à lire dans ces pages les mots de Georges Perros peuvent se rendre dans leur librairie préférée et y acheter ce précieux numéro du Matricule des anges.

On peut y lire ce propos, merveilleux et définitif, de Thierry Gillyboeuf, biographe de Perros :

Perros, c'est un regard implacable mais sans malveillance sur la comédie humaine qui, paradoxalement, peut nous aider à vivre.

21/08/2011

chant de l'aube

Une aube d'été en forêt. Mille éclats de verts éclaboussent la rétine, irréel jeu entre le soleil, l'air et les arbres. Une beauté quasi effrayante... et ces mots de Bernard Noël qui reviennent en mémoire :

mais le regard

est l'eau

où le monde 

se noie

et

nous avons soif

dans la lumière

17/08/2011

Capital des moments

En écho à Perros et pour reprendre langue en douceur, définition d'un moment de vie par Lawrence Durrell dans une page de Justine.

Ce sont de ces moments dont on ne garde pas le compte et dont les mots ne peuvent faire l'inventaire; ils vivent en suspens dans le souvenir, comme ces créatures merveilleuses, uniques de leur espèce, que l'on retire des grandes fosses sous-marines.

24/07/2011

A bientôt

Vox Poetik prend ses quartiers d'été et part avec cette phrase de Georges Perros comme viatique :

La vie, c'est par moments.

Partons donc, il est temps de recueillir nombre de ces moments.

A bientôt.

14/07/2011

Le 14 juillet, fêtons Calet

Oh bien sûr, c'est une fête un peu triste puisque c'est le 14 juillet 1956 que le coeur d'Henri Calet eut la bien mauvaise idée de s'arrêter... Pour se redonner le sourire on conseillera la lecture de n'importe quel recueil d'articles dont il fut l'auteur, plusieurs sont disponibles désormais, il y a le choix. Poussières de la route est l'un d'eux, on y trouve une pépite, Une plage du tonnerre dont voici le début... Nous sommes à Paris en 1955 et ces quelques pages de bonheur nous font éternellement regretter que cet homme ne vécut pas centenaire.

Le temps est venu de songer aux vacances. C'est une aventure. Il convient de s'y préparer progressivement, par la pensée autant que par la pratique. Les changements d'air trop brusques sont souvent dangereux. L'homme de Paris ne peut être, du jour au lendemain, repiqué en pleine terre, comme un simple poireau. L'autre jour, j'ai pris la décision de faire les premiers pas vers la nature. Pas trop loin pour commencer : je me suis rendu à Levallois-Perret.

 

 

12/07/2011

L'insupportable

Il arrive que le poème nous mène à lire l'insupportable, mais l'on poursuit la lecture. Le don du poète, son talent autant que son offrande, est de nous apprendre à supporter ce qui nous broie. Plus qu'aucun autre, parfois, Claude Esteban fut dans cette voie...

A la même heure du soir un mot

s'efface, un

autre et c'est chaque soir comme un peu

de moi qui meurt

car il suffit

qu'une chose n'ait plus de nom

pour que toute la phrase du monde

se défasse

et la mémoire ne peut

rien et c'est chaque soir comme si

ce peu de moi bougeait chaque fois

moins, bougeait encore.

03/07/2011

Quelques notions de politique

La lecture, au hasard, de deux pages des Tranches de savoir de Henri Michaux offre parfois quelques échos aux tonalités politiques des temps que nous vivons. Qu'on les trouve justes ou pas, elles n'en sont pas moins savoureuses et font de Michaux un grand poète moraliste qu'on ne soupçonne pas toujours.

Qui chante en groupe mettra, quand on le lui demandera, son frère en prison.

***

Celui-là, avec sa vertu, il branle ses vices.

***

Tout va bien, dit le bourreau. La situation du malheur est prospère.

***

Même si c'est vrai, c'est faux.

 

20/06/2011

Le créancier indulgent

Rien dans l'oeuvre d'Erri de Luca n'a été à ce jour publié en français sous le vocable de poésie mais il travaille comme un orfèvre la même universelle matière : rendre de l'homme une épure et nous l'offrir. Spécialement dans Le poids du papillon :

Quand un homme s'arrête pour regarder les nuages, il voit défiler le temps au-dessus de lui, un vent qui enjambe. Alors il faut se remettre debout et le rattraper.

(...)

Sa vie au gré des saisons était allée avec le monde. Il l'avait gagnée tant de fois, mais elle ne lui appartenait pas. Il fallait la rendre, froissée après avoir été utilisée. Quel était ce créancier indulgent qui la lui avait prêtée neuve et la reprenait usée, à jeter.