06/06/2010
Un long poème pour l'été qui vient
Celui-ci est de Claude Esteban. Il est venu entre deux gares de Bourgogne alors que le train marquait le pas, que des fermes isolées glissaient lentement sur un fond de collines vertes et que les arbres et les haies devenaient ombres rasantes.
On est seul, on est content d'être seul, on s'est assis
devant la porte de chez soi et l'on attend sur une chaise
que quelque chose arrive d'irréparable, peut-être
presque rien, un oiseau qui chanterait ou ce nuage
qui ressemble un instant à une chevelure de femme
et qui se perd dans la queue rose d'un dragon, ce n'est
rien, c'est le soir simplement qui bouge sur la campagne
et comme on est content qu'il ne se passe que cela
car on a tant vécu, on aurait pu verser beaucoup de larmes
sur les autres, sur soi, et maintenant on ne peut plus
on reste là, il fait si bon parfois quand le soir tombe
et qu'on regarde simplement ses mains.
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07/02/2010
A la nuit
Il est des poèmes que l'on n'aime pas lire. On les voudrait effacer. Mais toujours ils ressurgissent. A la nuit qui se refuse au sommeil ils sonnent comme corne de brume. Ils s'invitent et s'imposent. Alors on les relit et l'on sait qu'ils seront nôtres, à jamais.
J'ai des jours
qui ne servent plus, je vous
les donne, ils pourraient
grandir chez les autres, être légers,
soyeux, pleins de soleil,
moi, je les mets dans une boîte
grise sous la terre
et je les vois pourrir, prenez les moi,
faites qu'ils vivent,
qu'ils deviennent des enfanst qui jouent.
Claude Esteban
01:21 Publié dans Claude Esteban | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : esteban
31/01/2010
Le poème sera notre parole
Il est des poèmes qui défient le commentaire, qui font masse. Inscrits dans un temps qui n'est plus que crépuscule, on les découvre, tétanisé mais réconforté de savoir que quand viendra le moment de l'indicible, ces poèmes seront là pour être notre parole. Claude Esteban dans Sept jours d'hier :
Donnez-moi ce matin, ces heures
encore du petit matin
quand tout commence, donnez-moi, je vous prie
ce mouvement léger des branches,
un souffle, rien de plus,
et que je sois comme quelqu'un
qui se réveille dans le monde et qui ne sait
ni ce qui vient ni ce qui va
mourir, donnez-moi
juste un peu de ciel, ou ce caillou.
21:50 Publié dans Claude Esteban | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : esteban
02/11/2009
L'autre en soi
Bien avant l'expression écrite du poème, il est une rencontre secrète, un mystère. Ce lien est opaque, à peine dicible. Comme peu d'autres, Claude Esteban sut le dévoiler.
Quelqu'un est là. Quelqu'un bouge dans l'angle de ma tête. Traverse mon reflet. Trouve l'issue. Qui décide au dehors, qui parle, qui m'interpelle ? L'espace est neuf. L'air se rassemble en son milieu. Sur la page du jour, pas un seul mot d'écrit.
22:32 Publié dans Claude Esteban | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : esteban