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25/02/2013

Sans feu ni fin

Et lorsque le "pourquoi" du poème, de l'écrit,  n'a plus de sens, il faut alors savoir remuer cette béance et mettre le corps en mouvement. Le confronter à un ailleurs, sans forcément chercher le lointain. L'épurer par l'ouïe, la vue et l'odorat. L'endurcir par le minéral, le soumettre au végétal.

L'enseignement est de Jacques Dupin et c'est un nouvel extrait de Fragmes.

Dehors, marchant, toute une nuit, sans écrire, froissant l'herbe et martelant la terre obscure... entre le hibou dont le hululement se rapproche, et les étoiles qui respirent... pénétrant le couvert, errant parmi les chênes, sifflant le serpent qui dort... une nuit d'empreintes, de feuilles, d'odeurs et de froissements... allant seul, nulle part, sans feu ni fin, dans l'improvisation de la trace et de la fatigue.

31/12/2012

Le secret de Jacques Dupin

Un autre extrait de Fragmes de Jacques Dupin. Le plus bouleversant peut-être. Quelques lignes où un homme, poète, semble livrer, délivrer, son ressort le plus intime : le lien charnel et sensuel qui l'unit à l'écriture.

C'est avec ce secret dévoilé que s'achève cette année. Pour la suivante, qu'elle vous soit, à toutes et à tous, vive, poétique et lumineuse.

Ecrire que tu étais moi, que tu étais nue, que je n'étais rien. que l'ombre d'un ceps, que le délié d'une lettre, que la fleur de givre sur le carreau... qu'une cicatrice inversée, une morsure éteinte... que l'ouverture et le fermoir, - que l'aube d'hiver et la nuit d'été - que la senteur du genêt sur le tumulus au bord du chemin, - que la même phrase à l'infini, reprise, biffée, répudiée - écrite...

26/12/2012

Ecrire

Tracer des signes, à peine ombres de soi, comme on descend à la mine extraire des roches une matière dont on ne sait que faire une fois remonté à la surface. Ecrire n'est parfois qu'avoir la seule sensation de ce geste, une expérience intime liant l'absolu à l'incertain.

Jacques Dupin, dans Fragmes, fouille cette expérience séminale et s'en fait le minéral transcripteur.

Ecrire depuis toujours, pour quelqu'un, pour personne, écrire pour les pierres... écrire pour un inconnu, pour un aveugle, pour un inconnu aveugle...âcre le résidu de ce brasier, de cette fumée, de ce jet de pierres vers l'autre, vers l'ombre de l'autre, vers cet inconnu qui attend. qui est là, qui était là, depuis toujours...

30/10/2012

En mémoire de Jacques Dupin

Jacques Dupin n'est plus, disparu le 27 octobre... Dans son recueil Gravir, cette page, marquée d'une croix depuis longtemps :

Vigiles sur le promontoire. Ne pas descendre. Ne plus se taire. Ni possession, ni passion. Allées et venues à la vue de tous, dans l'espace étroit, et qui suffit. Vigiles sur le promontoire où je n'ai pas accès. Mais d'où, depuis toujours, mes regards plongent. Et tirent. Bonheur. Indestructible bonheur.

13/02/2012

Montagne

L'hiver nous a fendu la peau mais on le sent prêt, bientôt, à rendre les armes. Viendra sous peu le temps  des sentiers. Mais avant, bien avant, il y a le songe du parcours, l'oeil et le doigt cheminant de concert sur les tracés d'une carte, la mémoire revisitant l'alphabet des roches. Le besoin de montagne, nul n'en a mieux parlé que Jacques Dupin dans Gravir.

Te gravir et, t'ayant gravie - quand la lumière ne prend plus appui sur les mots, et croule et dévale, - te gravir encore. Autre cime, autre gisement.

Depuis que ma peur est adulte, la montagne a besoin de moi. De mes abîmes, de mes liens, de mon pas.

14/02/2011

Des voix enragées

Ils et elles crient, brandissent leurs poings, ouvrent les vannes de leurs colères, enflamment les rues. Et sous leurs cris, le réel vacille. A les voir, à les entendre, on pensera à Jacques Dupin, dans un poème intitulé La Trêve :

Les chiens qui dorment dans ma voix

sont toujours des chiens enragés.

04/01/2010

Au ras des roches

Quelques jours passés au pied des montagnes, sans les parcourir, au ras des roches, sans les fouler. Sont revenues ces lignes de Jacques Dupin, comme une promesse...

Nous n'appartenons qu'au sentier de montagne

qui serpente au soleil entre la sauge et le lichen

et s'élance à la nuit, chemin de crête,

à la rencontre des constellations.

21:43 Publié dans Jacques Dupin | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dupin