Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14/12/2009

Le sel de la langue

C'est un livre jaune qui attendait son heure sur les rayons de la bibliothèque. Pages maintes fois tournées pourtant sans que rien n'achoppe. Et puis un soir il revient en main et révèle dans sa dernière page le sens de son existence alors si discrète. Il donne la raison d'être de ces notes et, pour une fois, ce n'est pas un citation qui sera l'écho de ces mots mais un poème entier.

Ecoute, écoute  : j'ai encore

une chose à dire.

Ce n'est pas important, je sais, ça ne va pas

sauver le monde, ni changer

la vie de personne - mais qui

est aujourd'hui capable de sauver le monde

ou seulement de changer le sens

de la vie de quelqu'un ?

Ecoute-moi, je ne serai pas long.

C'est peu de chose, comme la bruine

qui commence lentement à venir.

Ce sont trois, quatre mots, guère

davantage. Des mots que je veux te confier.

Pour que ne s'éteigne pas leur feu,

leur feu bref.

Des mots que j'ai beaucoup aimés,

que j'aimerai peut-être encore.

Ils sont la demeure, le sel de la langue.

Eugenio de Andrade

 

07/12/2009

Contribution poétique et portugaise à un débat idiot et français

Je suis moi-même ma patrie. La patrie

qui me fait écrire est la langue dans laquelle le hasard des

générations

m'a fait naître. Et celle qui me fait agir et vivre est cette

rage que m'inspire le manque d'humanité de ce monde-ci

puisque je ne crois pas à l'autre, et que la seule chose

que je voudrais,

c'est qu'il soit autre que ce qu'il est.

Jorge de Sena, in Peregrinatio ad loca infecta - 1969

02/12/2009

La ville

Ville et poésie font un ménage heureux. Leur commerce est florissant depuis l'avénement du monde industriel et a jeté aux orties l'image d'Epinal du Poète méditant face à la nature sauvage. Et ce n'est peut-être pas un mal...

Les enseignes lumineuses palpitaient : c'était le corps de la ville; et ces figurations vivement taillées dans la nuit, cette écriture brusque, de nouveau vivante, étaient indéchiffrables pour un intrus. Nous comprenons si peu les beautés barbares de la civilisation...

Herberto Helder

08:02 Publié dans Portugal | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : helder