26/05/2010
Le sauveur des taiseux
Dans l'une de ses premières Poésies verticales, Roberto Juarroz s'est institué Saint-Patron des taciturnes, et tous les taiseux du monde au grand coeur peuvent le remercier.
Il est des paroles que nous ne disons pas
et que nous mettons sans dire dans les choses.
Les choses les gardent
et un jour nous répondent avec elles,
et nous sauvent le monde,
comme un amour secret
aux deux extrêmes duquel
il n'est qu'une seule entrée.
20:59 Publié dans Roberto Juarroz | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : juarroz
06/03/2010
Identité poétique
Alors qu'un débat national et malheureux s'est éteint et que d'autres campagnes envahissent nos murs, mettons à nouveau à contribution un poète qui a traité avec plus de bonheur dans sa forme, lui, une certaine idée de notre identité la plus intime. Roberto Juarroz dans l'une des ces Poésies verticales.
Nous nous sentons parfois
enfin installés sur la terre.
Elle semble être notre maison.
Et nous oublions pour un moment
nos pittoresques accoutrements
d'être destinés à l'exil.
20:11 Publié dans Roberto Juarroz | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : juarroz
28/02/2010
Insomnie
Les causes d'une insomnie peuvent être multiples. Celle-ci, avancée par Roberto Juarroz, n'a pas valeur universelle mais résonnera peut-être avec douceur en certains d'entre vous.
Je me suis réveillé trop tôt
et j'ai commencé à penser à l'éternel,
non pas à la grande éternité des prières
mais aux petites éternités oubliées.
La part du fleuve qui ne coule pas,
ce qui toujours se tait en la ville,
le lieu qui ne dort pas en ton corps endormi,
ce qui ne veille pas en mon corps éveillé,
Ainsi j'ai compris que les petites éternités
sont préférables à la grande éternité.
Et je n'ai pu me rendormir.
20:14 Publié dans Roberto Juarroz | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : juarroz
07/01/2010
Jour de silence
En ces jours de neige on redécouvre dans les artères urbaines une forme particulière de silence que l'on peut dire de ouate, irréel en tout cas. Entre mille autre choses Roberto Juarroz a questionné le silence et son enfouissement dans notre mémoire.
Il n'y a pas de silence.
Penser n'est pas silence,
une chose n'est pas silence,
la mort n'est pas silence.
Etre n'est pas silence.
Aux alentours de ces faits
il n'y a que lambeaux de nostalgie :
la nostalgie du silence
qui peut-être un jour exista.
Ou peut-être n'exista jamais
et peut-être devons-nous le créer ?
22:08 Publié dans Roberto Juarroz | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : juarroz
26/11/2009
Dialogues
Souvent les poètes dialoguent. Sans se voir, sans se connaître, sans même peut-être s'être lus. Ils parlent la même langue, répondent aux mêmes questions, parcourent les mêmes terres. Merveilleuse fraternité des poètes. Ainsi Juarroz se fait ici l'écho des mots d'Artaud (note du 12/11) et de Pessoa (note du 6/11).
Je joue parfois à m'atteindre.
Je fais avec celui que je fus
et avec celui que je serai
la course de celui que je suis.
Parfois je joue à me dépasser.
Je fais alors peut-être
la course de celui que je ne suis pas.
22:00 Publié dans Roberto Juarroz | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : juarroz, artaud, pessoa
11/11/2009
Juarroz, le phare
Son oeuvre ne porte qu'un titre : Poésie verticale. Fresque poétique invraisemblable composée de centaines de poèmes sans titres, numérotés comme le seraient les modules d'un mode d'emploi à usage universel. Et il est vrai que plus d'une de ses pages peuvent réellement aider à comprendre notre monde.
Le monde s'est fermé,
l'homme s'est enkysté
sur son propre oeil.
La vie humaine est une capsule
avec des instruments précis
qui permettent d'imiter la réalité.
12:11 Publié dans Roberto Juarroz | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : juarroz