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26/08/2014

La rosée d'Issa

Convoquer au saut du lit l'intelligence, la poésie et l'espoir. Le zen d'Issa est une arme pour enchaîner l'aube au jour, lier le jour à la nuit et fondre la nuit dans l'oubli. Rester vivant en somme, tout simplement.

L'homme est pareil à une goutte de rosée, le comprends-tu ?

Je sais que ce monde

est aussi éphémère que la rosée,

Néanmoins...

 

08:59 Publié dans Issa | Lien permanent | Commentaires (0)

18/08/2014

La frontière en pointillé

Vous remontez du Sud au Nord, et c'est comme si vous aviez laissé, sur une piste de pierre et de pins, un paragraphe de votre histoire. Des mots de lumière et d'ombre cherchent leur ciel et leur ravine. Dans ce voyage vous avez perdu le verbe. Et dans le silence du soir, seul un habitué des mêmes voyages, comme René Char, peut vous le rendre. Trois extraits de La frontière en pointillé.

Nous sommes lucioles sur la brisure du jour. Nous reposons sur un fond de vase, comme une barge échouée.

Pris aux esprits de l'air. Donné aux verges de la terre. Déjà en naissant, nous n'étions qu'un souvenir. Il fallut l'emplir d'air et de douleur pour qu'il parvînt à ce présent.

Le trèfle obscurci... La cicatrice verte. La trombe de la souffrance, le balluchon de l'espoir.

22:44 Publié dans René Char | Lien permanent | Commentaires (0)

25/07/2014

Une page sur deux

Parfois, la lecture devient un jeu : lire une page sur deux, choisir l'impair, et composer un nouveau poème, clandestin, investi d'une nouvelle lumière... Rythme braconné, miroir décalé d'une illusion devenant vérité... Comme tous les écrits finalement... Exercice pratique avec les pages 47 à 51 du Dieu nu(l) de Antonio Ramos Rosa.

Ecrire dans la calme flexibilité. Presque une flamme, presque oublier...

Dans la désolation sans feuillage, sans la poussière lucide du silence...

Et presque l'écume lente, presque le vent végétal.

***

Sans avidité, dans un enchantement aérien, dessiner le mot passionnément exact.

***

Les mots s'éteignent un à un dans l'intimité ouverte de la distance. Ou dans le sommeil de la montagne. Ou sous les paupières de l'air.

 

19/07/2014

L'humilité

Au coeur d'une montagne qui devait être lumière de glace et de grâce, d'ubac en adret il n'y a que le plomb d'un ciel qui mélange les saisons. Que faire sinon demander à un poète des sentes et des pentes de donner le "la" pour trouver raison au sein de la déraison ? Et apprendre, encore une fois, aux côtés de Philippe Jaccottet le sens du mot humilité.

Reçois ces images, reçois ces ombres, reçois ces fumées ou ce rien.

Tu regardes avec effroi tes mains changer,

tu es pris de vertige parce que bientôt manquera la grâce ou la force,

recueille donc...

Tandis que les pies couleur de damier volent de sapin en sapin sous la pluie légère, soulevée par le vent,

montre aux amis ces traces de fantômes...

26/06/2014

La grande vie

Les amants de la poésie sont parfois excessifs, vivent dans un monde de quartz et d'écume... Mais l'objet de leur adoration échappe à toute raison : pages, mots, vers, chants auxquels une voix donne grâce et force... et plus d'un, plus d'une sauvés par cinq minutes de lecture au coeur de la nuit.

Prenez Christian Bobin : en voilà encore un, coeur poreux, réchappé d'on ne sait quelle faille... Excessif, il l'est mais ne le jugeons pas, écoutons-le. Peut-être sa voix, extraite de La grande vie, en sauvera-t-elle d'autre...

J'aurai passé mes jours à regarder le reflet de la vie sur la rivière de papier blanc. Ce n'est pas ce qu'on appelle "vivre". C'est beaucoup mieux.

Ah ! ne m'enlevez pas la poésie, elle m'est plus précieuse que la vie, elle est la vie même, révélée, sortie par deux mains d'or des eaux du néant, ruisselante de soleil.

La poésie, c'est la grande vie.

06/06/2014

Avec le bleu pour seul guide

Echo d'une course entre ciel et mer, réponse de Jean-Michel Maulpoix à  Kenneth White, illustration par une nouvelle page de l'inépuisable Histoire de bleu qu'une seule couleur guide nos tours et détours sur les franges du silence.

Compose avec ce bleu.

Cette histoire t'appartient. Tu ne pourras jamais te défaire de tout le vague qui s'accumule en toi : tu t'y emploieras, c'est assez. Dresse-toi sur tes faiblesses autant que sur tes forces : ne résiste pas à celui que tu es. Sache reconnaître combien le ciel est pauvre tandis que la terre mélange la misère à la beauté. Dans les yeux de tes semblables l'infini n'est jamais monotone. Tes limites sont certaines : fais en sorte qu'elles soient vraiment tiennes. Ne fais pas de l'oubli un mauvais usage. Garde en réserve de l'espérance pour les heures de disette : il te faudra quelque jour rendre des comptes.

04/06/2014

Finisterra

L'expérience physique et sensuelle d'une raison poétique : marcher, courir, voir, sentir, dans le décor même d'un poème. En éprouver les ressorts intimes, la voie initiale, dialoguer une seconde avec la matrice : pieds dans les fougères, tête au vent, oeil dans le bleu. Accompagner Kenneth White, en parcourant, au sens premier, son Finisterra ou la logique de la baie de Lannion, et devenir cet homme...

(...) en homme qui a étudié

la grammaire du granit

j'ai marché en ce lieu

en homme qui voudrait faire l'équation

entre paysage et pensée

j'ai marché en ce lieu

en homme qui aime

les voies et les vagues du silence

j'ai marché en ce lieu (...)

29/05/2014

Ciao Pirotte...

Jean-Claude Pirotte n'était jamais apparu dans ces parages mais il était de la famille... Parce que belge, parce que poète, parce que grand amateur de vins, et surtout pour nombre des pages de ces romans et recueils qui distillaient un lucide et touchant manuel de survie face au désenchantement du monde. Il était aussi une voix réconfortante pour celles et ceux qui ratent, peinent, mais toujours essaient, encore et encore, et finissent par rester debout, magnifiques et douloureux, dignes et droits dans leurs brisures.

Pour ces lecteurs et la mémoire de Pirotte, quelques lignes de La Légende des petits matins :

Ainsi chaque jour je me manque. Le convoi ne m'a pas attendu. Jamais je n'arrive à temps aux rendez-vous que je me fixe.

Mon pessimisme n'est pas une pose, il est la fleur navrée qui naît des amours de la solitude et de l'à-quoi- bon.

 

21/05/2014

Comme quelqu'un dans un poème

Dans Morceaux de ciel, presque rien de Claude Esteban, quelqu'un est un homme ou une femme, quelqu'un est poète ou vagabond ou danseur ou berger ou boulanger... Quelqu'un est tous les êtres de la terre, quelqu'un est en vie et ne veut pas que cette vie cesse. Quelqu'un doit nous accompagner, toujours.

Comme quelqu'un qui cherche à lire

et qui ne déchiffre plus les mots du livre

 

comme quelqu'un qui tend la main et toutes les mains

se détournent

 

comme quelqu'un qui a beaucoup marché

et maintenant il ne sait plus s'il doit faire halte

 

comme quelqu'un 

qui ressemble à ce qu'il n'est pas

 

et quelque chose se rebelle en lui

et puis s'apaise.

16/05/2014

Florilège du bleu

Nous portons tous en nous une trace de bleu, une touche de bleu et parfois nous ne le savons même pas. Nous l'avons sous la peau, nous la murmurons... Ses nuances tissent nos souvenirs, nos pleurs et nos rires. Miro. Klein. Tindersticks. Christophe... Traducteur consciencieux et délicat de cette matrice, Jean-Michel Maulpoix a renoué les fils invisibles qui nous lient au monde du bleu. Florilège des premières pages d'Une histoire du bleu.

Bleue est la couleur du regard, du dedans de l'âme et de la pensée, de l'attente, de la rêverie et du sommeil.

Nous rêvons d'une terre bleue, d'une terre de couleur ronde, neuve comme au premier jour, et courbe ainsi qu'un corps de femme.

Nous frottons notre peau dans la chambre contre la peau d'autrui, en quête d'une électricité bleue et de son bel arc de foudre.

On voudrait jardiner ce bleu, puis le recueillir avec des gestes lents dans un tabler de toile ou une corbeille d'osier. Disposer le ciel en bouquets, égrener ses parfums, tenir quelques heures la beauté contre soi et se réconcilier.