01/09/2010
Noir de monde
A la table de Perros convions aujourd'hui par ce titre Alain Bashung qui chantait, il y a si peu encore, Je suis noir de monde sur un album indispensable, L'imprudence. Derrière nos visages combien de figures s'animent, tenues au silence le plus souvent, mais bien là, présentes, pesantes ? Comment les retenir ?
Ne pas dire plus qu'on ne voit
plus qu'on ne sait plus qu'on ne sent
c'est un métier très difficile
car la fable est au bout du compte
Deux hommes face à la même chose
la décrivent tout autrement
et combien d'hommes dans un homme ?
21:52 Publié dans Georges Perros | Lien permanent | Commentaires (0)
31/08/2010
Vivre est assez bouleversant
D'érudits critiques ont certainement tracé les lignes qui lient la langue de Perros à celles de ces glorieux ancêtres en poésie, il faudrait chercher dans les bibliothèques... Ici on savourera seulement cette parole qui nous tend un miroir doux et cruel, mais jamais amer, dans lequel nous voyons un ami, un frère, un confident...
Vivre est assez bouleversant
quoique médisent nos sceptiques
De quoi demain sera-t-il fait
ô plus on va plus on le sait
car enfin le jeu perd sa mise
et les dés demeurent dans nos mains
Porte de plus en plus étroite
qu'il est maigre notre destin
pour y trouver de quoi le fuir.
22:01 Publié dans Georges Perros | Lien permanent | Commentaires (0)
30/08/2010
Une vie ordinaire
Déclarons ouverte une semaine en hommage à Georges Perros. Comme l'époque est propice aux visites de librairies dont les tables se couvrent de centaines de nouveaux romans, pensez à bifurquer vers le rayon poésie où se trouvera peut-être Une vie ordinaire de Georges Perros. Vous y lirez page 73 ce qui suit et peut être aurez-vous envie d'en lire plus, ce serait bien...
J'avance en âge mais vraiment
je recule en toute autre chose
et si l'enfance a pris du temps
à trouver place en moi je pense
voilà qui est fait et je suis
devenu susceptible au point
qu'on peut me faire pleurer rien
qu'en me prenant la main Je traîne
en moi je ne sais quelle santé
plus prompte que la maladie
à me faire sentir la mort
Tout m'émeut comme si j'allais
disparaître dans le moment
Ce n'est pas toujours amusant.
20:56 Publié dans Georges Perros | Lien permanent | Commentaires (0)
24/05/2010
Vie imaginaire
Au sortir d'un rêve dont les images et sensations imprègnent fortement le tissu du réel, on pensera à Perros qui dans Une vie ordinaire parlait avec justesse de ces vies imaginaires dont on ne cessera jamais de s'étonner...
J'ai force suffisante en moi
pour me lever chaque matin
Le dur est de s'acclimater
à nouveau après cette halte
en luminosité lunaire
où le rêve tisse une toile
que l'on déchire dans la rue
Pas à pas ramendons filet
de notre vie imaginaire.
17:04 Publié dans Georges Perros | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : perros
04/04/2010
Ce que les hommes disent, parfois...
On en dit des choses sur les hommes et leurs sentiments, sur ce qu'ils ne savent pas dire de leurs sentiments, justement... Mais voilà ce qu'un homme peut dire lorsqu'il est poète et qu'il ouvre son coeur à un autre poète... Après de longues années de correspondances, sans jamais se voir, uniquement dans l'espace de leurs mots, Georges Perros écrit à Bernard Noël :
Pas de distance entre vous et moi, vous êtes là, tous les jours, dans cet espace de tendresse, sémaphore, bouée. De l'inoubliable entre nous. Au-delà, sans doute, des mots, ces martyrisés. Qui nous en auront fait voir...
11:22 Publié dans Georges Perros | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : perros, noël
23/03/2010
Chercher le sens... ou pas
La lecture de certains poètes - peu importe les noms, chacun en trouvera bien un exemple - soulève parfois une lancinante et pesante question : mais qu'a-t-il donc voulu dire ? Ce à quoi ce cher Perros répond avec acuité :
Demander le sens d'un vers, c'est vouloir en savoir plus long que le poète lui-même. Le sens d'un vers c'est et ce ne peut-être que le vers lui- même. Le poète s'embarasse, manque "d'esprit" si jamais il croit pouvoir signifier autrement que par la poésie. Et donne des regrets. Comme navre la possession, par une sotte d'un diamant.
23:24 Publié dans Georges Perros | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : perros
07/03/2010
Week-end avec enfants
Une nouvelle perle des Papiers collés de Georges Perros. Sans commentaire...
Pour peu qu'on soit un rien distrait, la journée passe comme une lettre à la poste. Et nous nous retrouvons dans la position horizontale sans avoir eu le temps de dire ouf. Il suffirait de se voir passer ainsi du jour à la nuit, dans un mouvement de bascule accéléré, pour comprendre un peu plus nettement ce qui rend notre condition incompréhensible.
20:24 Publié dans Georges Perros | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : perros, papiers collés
16/02/2010
L'ami blessé
Souvent les poètes qui visitent ces pages y déposent des lignes douloureuses. Nulle complaisance, c'est juste que leurs mots furent parfois des refuges en des temps délicats. Georges Perros exprime fort bien ce lien qui nous unit à ces amis blessés :
On est si étrangement fait que dans nos moments de détresse on préfère les oeuvres moroses aux oeuvres heureuses. L'ami, c'est celui qui a souffert aussi terriblement, et l'a dit. Mais celui qui s'est efforcé de réjouir, on ne saurait penser qu'il a dû passer par ce malheur.
18:21 Publié dans Georges Perros | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : perros
28/01/2010
Vivre davantage
Homme de théâtre, poète, diariste, Perros fut avant tout un lecteur, un immense lecteur. De ceux dont les libraires d'aujourd'hui déplorent la disparition lente et inexorable. Dans Papiers collés 3 Perros donne la plus belle des justifications à cet acte de plus en plus singulier qu'est la lecture.
Je ne dirai jamais de mal de la littérature. Aimer lire est une passion, un espoir de vivre davantage, autrement, mais davantage que prévu.
23:27 Publié dans Georges Perros | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : perros
09/12/2009
Vivre mode d'emploi (selon Perros)
A chaque semaine son Perros. Cette fois retour vers Une vie ordinaire et cet extrait que l'on aurait envie d'imprimer par millions et de jeter sur la voie publique.
Je soutiens
qu'on peut très bien vivre sans rien
pourvu que le matin nous trouve
prêt à reprendre l'aventure
C'est quand on respire en arrière
que le malheur creuse son trou
21:26 Publié dans Georges Perros | Lien permanent | Commentaires (1)