16/12/2012
Perros pour finir
Puisque nous avions entamé 2012 avec lui nous finirons cette année en compagnie de Georges Perros. Il est toujours bon d'achever une boucle avec cohérence et en bonne intelligence. Rouvrons ses inépuisables Papiers collés, le volume 3 par exemple, et comme toujours quelques fulgurances surgissent.
Il n'y a qu'une langue à traduire : la sienne. Reculer le plus longtemps possible les références. Trouver une parole de traverse.
*
Vivre avec un être aimé qui est mort. Le poème, c'est cela, avec les mots.
*
Poète celui qui nous force à lire mot à mot. Qui risque de nous dire l'essentiel, de nous dévoiler le monde, au coin d'un vers, d'une séquence, comme si de rien n'étaient ce vers, cette séquence. Venaient de rien.
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20/01/2012
Un dernier Perros pour la route
Le voilà, cet ultime (?) recueil de poèmes signé Georges Perros. On le doit donc aux éditions Finitude dont le catalogue est un hommage permanent à la littérature, construit autour de voix qui, sans esbrouffe, sont au diapason de ce que Perros dit lui-même, ailleurs : Il n'y a qu'une langue à traduire : la sienne. Reculer le plus longtemps possible les références. Trouver une parole de traverse.
Bravo et merci à ces éditeurs rares de nous permettre de lire une aussi pure pépite, un manifeste poétique aussi humble qu'essentiel :
Pour remplacer tous les amours
que je n'aurai jamais
et ceux que je pourrais avoir
j'écris
Pour endiguer le flux reflux
d'un temps que sillonne l'absence
et que mon corps ne peut tromper
j'écris
Pour graver en mémoire courte
ce qui défait mes jours et nuits
rêve réel réel rêvé
j'écris
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18/01/2012
Poésie, c'est exil
La parole est toujours à Georges Perros : en cette année de crise doublée d'incurie électorale, il est bon de se fabriquer un manuel de survie. Puisé dans Papiers collés III, ce qui suit pourrait peut-être servir; c'est une piste en tout cas, un itinéraire de délestage, une balise dans la sortie du port, une voie de sauvegarde par une voix à nulle autre pareille.
Poésie, c'est exil. On n'aime que les exilés. Joyce, Musil, Artaud. On peut l'être en plein Paris. Il n'y a pas de géographie de l'exil. C'est être nulle part. N'importe où. Sur la terre. Avant d'en faire partie. Intégrante. Dessous. Dedans. Poésie, c'est impossibilité d'être quoi que ce soit dans un monde qui ne cesse de nous demander notre identité. Notre fiche de futur dégringolé. L'intérêt est ailleurs. Sur la terre. Mais ailleurs. Sur la terre. Cherchons.
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16/01/2012
Brève lettre à Georges Perros
"Cher Georges, vous revoilà, vous manquiez. Il y a longtemps, une saison, que l'on ne vous avait pas invoqué, ni convoqué. Ce n'était pas un désamour, mais quelque besoin d'aller chercher dans vos pages matière à passer l'hiver. Et cette semaine va être la vôtre, puisque - on a bien fait d'attendre - a ressurgi sur les tables des bonnes librairies une réédition, chez Finitude, de poèmes rares, de ceux que vous offriez pour la fête des mouettes de Douarnenez, entre autres. Le livre est là, lu, et on y reviendra vite. En attendant, il y a ce texte d'ouverture des Papiers Collés III qui s'entête à revenir sans cesse en tête et c'est avec lui que voulons sceller ces retrouvailles, et vous remercier encore une fois d'avoir si bien écrit et décrit notre condition... Bien à vous."
L'homme m'est impensable qui n'éprouve pas, tous les jours, fût-ce un quart d'instant, le vide, l'impossible à vivre. C'est ce quart d'instant qui me passionne. Qui a fait ma vie. Ce quart sans la moindre référence, le moindre souvenir, la moindre hérédité. Ni cruel ni pessimiste ni perceptible à qui que ce soit. C'est comme une douleur furtive qui vous traverse, comme un avion passe un nuage. Il vaut mieux être seul quand elle se déclare. Tout de même. Parce que justement, quoi qu'on fasse à ce moment-là, on n'a qu'une envie, la suivre, cette douleur, voter pour elle.
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03/09/2011
A lire
Celles et ceux qui auront pris un plaisir récurrent à lire dans ces pages les mots de Georges Perros peuvent se rendre dans leur librairie préférée et y acheter ce précieux numéro du Matricule des anges.
On peut y lire ce propos, merveilleux et définitif, de Thierry Gillyboeuf, biographe de Perros :
Perros, c'est un regard implacable mais sans malveillance sur la comédie humaine qui, paradoxalement, peut nous aider à vivre.
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24/07/2011
A bientôt
Vox Poetik prend ses quartiers d'été et part avec cette phrase de Georges Perros comme viatique :
La vie, c'est par moments.
Partons donc, il est temps de recueillir nombre de ces moments.
A bientôt.
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29/04/2011
Un peu de légèreté
Quittons un instant la stratosphère Juarroz et reprenons langue avec Perros le breton bourru, un qui n'a pas son pareil pour apporter, parfois, à la poétique des textes quelque jugement iconoclaste hautement recommandable :
Un poème est fait pour être lu, comme une femme pour être caressée. Un poème vieux garçon, ça n'existe pas.
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13/11/2010
Poétique des zincs, des trains et de la marge
Et revoilà l'ami Perros, l'irremplaçable Perros. Le seul capable de dire l'essentiel en dix lignes sur les bistrots, les gares et son propre rapport à l'écriture ! Et de lier le tout en une prose d'une absolue fluidité. A ce niveau ce n'est plus du grand art mais de la simple et pure magie.
J'aime le zinc d'un bistrot, c'est une manière d'approcher les hommes à distance, de les entendre, de les voir, sans risquer d'être pris pour autre chose qu'une forme d'homme en transit. C'est un peu comme dans les gares. J'aime être entre deux trains. Je respire alors la vie à pleine tête, à plein corps, parce que je sais que voilà du fugitif, du "qui va finir". Je suis un homme d'entre-deux, jamais en place, et si j'écris, c'est dans la marge. Le texte est ailleurs.
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04/09/2010
Eloge de la littérature
Quittons Georges Perros quelque temps sur cette profession de foi que l'on aimerait voir inscrite sur tous les frontons des librairies :
Aimer la littérature, c'est être persuadé qu'il y a toujours une phrase écrite qui nous re-donnera le goût de vivre, si souvent en défaut à écouter les hommes. Soi-même, entre autres.
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03/09/2010
L'homme de la nuit
En cheminant dans les pages de Papiers collés : correspondances, passerelles, grimaces et fulgurances.
Je ne suis ni du matin ni de l'après-midi ni du soir. Un peu de la nuit. Mauvaise fréquentation.
Et plus loin :
La poésie est à l'ordre de la nuit.
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