09/06/2011
Au rayon occasion
Dans les linéaires d'une grande librairie parisienne on trouve parfois des occasions dont la présence laisse perplexe. Ainsi en ce mois de mai quelqu'un est allé revendre des livres de Claude Esteban. Des pages qu'il n'aura donc pas aimées, voire même pas lues. C'est ainsi... mais peut-être ces aphorismes s'étaient dérobés à son regard :
Dans la mémoire des autres
nos blessures
guérissent toujours.
***
Je porterai le temps sur l'épaule
pour marcher
mieux.
***
Laissez dormir les dieux
sous leurs pierres,
ils ne parlent qu'aux serpents.
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10/01/2011
Les mots la nuit
Certaines pages ne se lisent que la nuit. Une lampe éclaire un coin de pièce, la rue n'est plus qu'un murmure, le son des pages que l'on tourne est presque un fracas. Les lignes de Claude Esteban se tendent toujours en cet instant :
Peut-être que tout est dit,
peut-être qu'on attend la nuit
pour écrire la même phrase.
***
Une lampe qui veille dans la nuit,
un coeur qui n'en finit plus de croire
quelqu'un invente son histoire
par-delà la fureur et le bruit.
***
Tu étais si belle dans le matin
que j'ai cru que je n'allais pas mourir.
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05/11/2010
Comme des gouttes de silence
Par une très douce soirée d'Automne, Claude Esteban s'en vient accompagner une chanson douce et triste de Bonnie Prince Billy, et c'est un murmure secret qui se love dans le coeur des hommes... Puisse-t-il vivre au-delà de cette page...
Il pleut très doucement dans un poème
et la ville est couchée là tout près comme un bon chien,
des choses passent et puis d'autres reviennent
il y a des mots qui sont lourds de soleil
et qui disent très bien la fourrure secrète d'une femme
et d'autres qui sont pleins de brume jusqu'au réveil
il pleut si doucement que c'est peut-être un autre monde
pareil à celui-ci mais sans hâte et sans orgueil
et c'est dans le dedans de soi comme des gouttes de silence
21:47 Publié dans Claude Esteban | Lien permanent | Commentaires (0)
06/06/2010
Un long poème pour l'été qui vient
Celui-ci est de Claude Esteban. Il est venu entre deux gares de Bourgogne alors que le train marquait le pas, que des fermes isolées glissaient lentement sur un fond de collines vertes et que les arbres et les haies devenaient ombres rasantes.
On est seul, on est content d'être seul, on s'est assis
devant la porte de chez soi et l'on attend sur une chaise
que quelque chose arrive d'irréparable, peut-être
presque rien, un oiseau qui chanterait ou ce nuage
qui ressemble un instant à une chevelure de femme
et qui se perd dans la queue rose d'un dragon, ce n'est
rien, c'est le soir simplement qui bouge sur la campagne
et comme on est content qu'il ne se passe que cela
car on a tant vécu, on aurait pu verser beaucoup de larmes
sur les autres, sur soi, et maintenant on ne peut plus
on reste là, il fait si bon parfois quand le soir tombe
et qu'on regarde simplement ses mains.
22:23 Publié dans Claude Esteban | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : esteban
07/02/2010
A la nuit
Il est des poèmes que l'on n'aime pas lire. On les voudrait effacer. Mais toujours ils ressurgissent. A la nuit qui se refuse au sommeil ils sonnent comme corne de brume. Ils s'invitent et s'imposent. Alors on les relit et l'on sait qu'ils seront nôtres, à jamais.
J'ai des jours
qui ne servent plus, je vous
les donne, ils pourraient
grandir chez les autres, être légers,
soyeux, pleins de soleil,
moi, je les mets dans une boîte
grise sous la terre
et je les vois pourrir, prenez les moi,
faites qu'ils vivent,
qu'ils deviennent des enfanst qui jouent.
Claude Esteban
01:21 Publié dans Claude Esteban | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : esteban
31/01/2010
Le poème sera notre parole
Il est des poèmes qui défient le commentaire, qui font masse. Inscrits dans un temps qui n'est plus que crépuscule, on les découvre, tétanisé mais réconforté de savoir que quand viendra le moment de l'indicible, ces poèmes seront là pour être notre parole. Claude Esteban dans Sept jours d'hier :
Donnez-moi ce matin, ces heures
encore du petit matin
quand tout commence, donnez-moi, je vous prie
ce mouvement léger des branches,
un souffle, rien de plus,
et que je sois comme quelqu'un
qui se réveille dans le monde et qui ne sait
ni ce qui vient ni ce qui va
mourir, donnez-moi
juste un peu de ciel, ou ce caillou.
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02/11/2009
L'autre en soi
Bien avant l'expression écrite du poème, il est une rencontre secrète, un mystère. Ce lien est opaque, à peine dicible. Comme peu d'autres, Claude Esteban sut le dévoiler.
Quelqu'un est là. Quelqu'un bouge dans l'angle de ma tête. Traverse mon reflet. Trouve l'issue. Qui décide au dehors, qui parle, qui m'interpelle ? L'espace est neuf. L'air se rassemble en son milieu. Sur la page du jour, pas un seul mot d'écrit.
22:32 Publié dans Claude Esteban | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : esteban