29/11/2009
L'homme en gabardine
Vous croisez peut-être près de chez vous cet homme à l'aspect falot en complet terne, petit chapeau, lunettes rondes, regard triste et gabardine grise. Un homme parmi les hommes. Vite dépassé, vite oublié. Et pourtant... un jour il fut Fernando Pessoa et sous le nom de Bernardo Soares, il rentrait chez lui, pliait sa gabardine et écrivait Le livre de l'intranquillité.
Je suis les faubourgs d'une ville qui n'existe pas, le commentaire prolixe d'un livre que nul n'a jamais écrit. Je ne suis personne, personne. Je suis le personnage d'un roman qui reste à écrire, et je flotte, aérien, dispersé sans avoir été, parmi les rêves d'un être qui n'a pas su m'achever.
00:21 Publié dans Fernando Pessoa | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pessoa
27/11/2009
Une question
Nous sommes au plus noir des années noires. René Char prend les armes et le maquis mais n'en pose pas pour autant la plume. Il faut lire et relire Les feuillets d'Hypnos.
Ne sommes-nous voués à n'être que des débuts de vérité ?
21:53 Publié dans René Char | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : char
26/11/2009
Dialogues
Souvent les poètes dialoguent. Sans se voir, sans se connaître, sans même peut-être s'être lus. Ils parlent la même langue, répondent aux mêmes questions, parcourent les mêmes terres. Merveilleuse fraternité des poètes. Ainsi Juarroz se fait ici l'écho des mots d'Artaud (note du 12/11) et de Pessoa (note du 6/11).
Je joue parfois à m'atteindre.
Je fais avec celui que je fus
et avec celui que je serai
la course de celui que je suis.
Parfois je joue à me dépasser.
Je fais alors peut-être
la course de celui que je ne suis pas.
22:00 Publié dans Roberto Juarroz | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : juarroz, artaud, pessoa
25/11/2009
Fatigué
Il est des jours où Henri Michaux balaie toute concurrence et s'impose dans les grandes largeurs. On éprouve alors pour cet homme une immense gratitude.
Ma vie : traîner un landeau sous l'eau. Les nés-fatigués me comprendront.
20:14 Publié dans Henri Michaux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michaux
23/11/2009
Voyage
Entre 1995 et 1997 Bernard Noël voyage et balise son trajet de poèmes qui sont autant de visions des lieux qu'il traverse que du reflet de son visage sur les vitres des trains qui l'emportent. L'une de ces bornes se nomme Nulle part. Tout le monde s'y est arrêté un jour et nul n'a envie d'y retourner.
quelqu'un n'a pas posé sa main sur ma nuque
aussi le manque n'a-t-il pas de visage
il est là simplement comme un toucher froid
un rappel de la parfaite solitude
21:56 Publié dans Bernard Noël | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : noël
22/11/2009
Le gardeur de troupeaux
Le 8 mars 1914, Fernando Pessoa s'appelle Alberto Caeiro. Il s'invente autre, lui qui pense être rien. Pour la première fois d'une longue série, il se glisse dans une pure création poétique, il devient autre pour être moins seul.
Penser dérange comme marcher sous la pluie
quand le vent croît et qu'il semble pleuvoir davantage.
Je n'ai ni ambitions ni désirs.
Etre poète, pour moi, n'est pas une ambition,
c'est ma manière d'être seul.
20:20 Publié dans Fernando Pessoa | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pessoa
21/11/2009
La matière du poète
Antoine Emaz est un poète en vie. C'est à dire qu'il pense et écrit maintenant, il n'est sur aucun piédestal édifié par le temps, il n'a pas de légende, il n'a pas de visage, il est tout entier et seulement dans ses mots. Des mots rares qui forment une langue limpide qu'on lira en murmurant, qu'on relira en le remerciant d'être vivant.
On pose les mots sur la table comme de petites masses de terre molle : ils sont là tièdes, il n'y a bientôt plus qu'eux dans les yeux. (...) A certains moments, on voudrait rester là, border les mots, tirer un rideau lourd juste derrière les choses, au ras. Que plus personne ne touche à rien. Et fermer l'oeil.
17:02 Publié dans Antoine Emaz | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : emaz
19/11/2009
Chronique sportive
Amusons-nous un instant et transformons Henri Michaux en chroniqueur sportif d'une incertaine victoire française :
Ce fut une épopée de géants. Nous la vécûmes en fourmis. Nous triomphâmes ainsi. Succés par la porte basse.
11:57 Publié dans Henri Michaux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michaux
18/11/2009
Les temps ne changents pas
Si Henri Michaux a écrit ce qui suit au mitan du siècle dernier et qu'il n'est pas question de comparer deux temps aussi différents que le sien et notre présent, il n'en demeure pas moins que la lecture des journaux et l'observation de certains de nos contemporains rendent furieusement nécessaires l'observation suivante :
A chaque siècle sa messe. Celui-ci, qu'attend-il pour instituer une grandiose cérémonie du dégoût ?
18:38 Publié dans Henri Michaux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michaux
17/11/2009
Une leçon
Les lignes s'alignent, les pages s'empilent, tout semble en ordre de marche. Soupirs d'aise. Toutefois, ne pas oublier Edmond Jabès :
Se relire : se retrouver seul, dans la salle décorée, au lendemain de la fête.
15:00 Publié dans Edmond Jabès | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jabès