21/03/2014
Tard dans la vie
Parfois un poète sent dans l'air une vibration métallique.
Il se sait à la veille d'une infime tragédie.
Ne devinant quel pan de sa vie va se détacher, mais redoutant cet instant, il écrit.
Que peut-il faire d'autre ?...
Parfois il s'appelle Pierre Reverdy. Il a le regard doux, charbonneux et triste. Il écrit Tard dans la vie.
Je suis dur
je suis tendre
Et j'ai perdu mon temps
à rêver sans dormir
à dormir en marchant
Partout où j'ai passé
j'ai trouvé mon absence
je ne suis nulle part
excepté le néant
mais je porte accroché au plus haut des entrailles
à la place où la foudre a frappé trop souvent
un coeur où chaque mot a laissé son entaille
et d'où ma vie s'égoutte au moindre mouvement
22:03 Publié dans Pierre Reverdy | Lien permanent | Commentaires (0)
11/03/2014
Le Ravin du monde
Contribution orientale, poétique et taoïste à la nébuleuse théorie du genre. Où il est également question de montagne, de vertu (à lire ici au sens de sagesse) et de traversée du temps. Le tout étant attribué à Lao Tseu dans le chapitre 28 du Tao-tö King dans la traduction disponible en Pléiade. Lisons, méditons, agissons.
Connais le masculin,
adhère au féminin,
sois le Ravin du monde.
Quiconque est le Ravin du monde,
la vertu constante ne le quitte pas,
il retourne à l'état d'enfance.
08:03 Publié dans Lao Tseu | Lien permanent | Commentaires (0)
07/03/2014
Notes solaires
Tant pis pour le cliché, mais le soleil sied bien mieux aux pages de René Char que le gris de l'hiver. Sous la lumière et l'azur, certaine notes des Feuillets d'Hypnos deviennent solaires, s'éclairent et chantent autrement. Elles n'en demeurent moins pas riche du mystère et de la tension qui les firent naître au creux de la guerre.
156. Accumule, puis distribue. Sois la partie du miroir de l'univers la plus dense, la plus utile et la moins apparente.
163. Chante ta soif irisée.
169. La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil.
182. Lyre pour des monts internés.
212. Enfonce-toi dans l'inconnu qui creuse. Oblige-toi à tournoyer.
08:28 Publié dans René Char | Lien permanent | Commentaires (0)