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26/02/2014

La vie du poème

Vous possédez une bibliothèque. Elle contient quelques oeuvres de poètes ? Prenez garde, vous n'êtes plus seul(e) chez vous. Soyez rassuré(e), vous êtes en bonne compagnie. Pour avoir fréquenté en lui-même de nombreux poètes, Fernando Pessoa nous le rappelle et le confirme, les poèmes sont vivants.

Il m'arrive de soutenir qu'un poème est une personne, un être vivant, qu'il appartient, avec une présence corporelle et une existence charnelle, à un autre monde où notre imagination le projette.

21/02/2014

Le lecteur

A cet idéal d'écriture porté par Juarroz répond le besoin, tout aussi idéal, d'un lecteur investi d'une attente absolue. Porté par les ombres tutellaires de Char et Michaux, Christian Bobin dresse dans un saisissant passage de Souveraineté du vide le portrait d'un lecteur incandescent en quête de son double parfait : "l'écrivain sourcier".

 

Purification. Entrée en lecture. Entrée en rêverie. Purification.

 

Lisant, non pas pour savoir, non pas pour apprendre, pour accumuler, pour entasser, pour acquérir. Non, rien de tout cela. Lisant bien plutôt pour oublier, pour se déprendre, pour perdre, pour se perdre. Redevenant seul, infiniment seul.

 

Assez seul pour ne plus l'être jamais.

 

18/02/2014

Lettres vives

Allez savoir pourquoi un recueil s'impose soudain comme le totem d'une saison... Onzième poésie verticale de Roberto Juarroz est le ciment de cet hiver. Chaque page vient posément calfeutrer les interstices glaçés par le vent; chaque page rend hommage au nom de l'éditeur qui les a publiées en français, Lettres vives; chaque page délivre sa part de lumière au jour naissant et tous les matins deviennent argentins.

Une écriture qui supporte l'intempérie,

qui puisse se lire sous le soleil ou sous la pluie,

sous la nuit ou le cri,

sous le temps dénudé.

 

Une écriture qui supporte l'infini,

les crevasses qui s'étoilent comme le pollen,

la lecture sans pitié des dieux,

la lecture illettrée du désert.

 

Une écriture qui résiste

à l'intempérie totale.

Une écriture qui puisse se lire

jusque dans la mort.

10/02/2014

Poétique du sommet

Pierres. Matrice des montagnes. Harmonie de pierres, mer à houle calme, mer minérale. Au milieu se pose un chemin, une ligne, fiable comme une mire. Sur la grille des comptes, à l'heure de l'obscur, les pierres vaudront de l'or.

Et les poètes qui parlent avec les montagnes, vivent montagnes, traducteur du langage brut des pierres sont d'éternels orpailleurs. Erri de Luca est de ceux-là. Et lorsqu'il publie un livre de dialogues, Sur la trace de Nives avec Nives Meroi alpiniste, les paroles qu'ils lui attribuent sont une poétique des cimes.

"...le vide augmente et la montagne se resserre, se réduit, s'écrase vers le sommet. La terre finit et on voyage sur le bord des deux règnes, le sommet est la parfaite frontière, la fin de la terre, la beauté."