30/11/2010
Première neige, bis
Lorsqu'elle tombe cette première neige, c'est aussi Yves Bonnefoy que l'on peut convoquer. Surtout Yves Bonnefoy... Poésie de circonstances ? Pas que... Poésie de l'intime qui tend vers l'Univers...
... Puis, vers le soir,
le fléau de la lumière s'immobilise.
Les ombres et les rêves ont le même poids.
Un peu de vent
écrit du bout du pied un mot hors du monde.
20:17 Publié dans Yves Bonnefoy | Lien permanent | Commentaires (0)
29/11/2010
Première neige
En ce jour de première neige, introduisons en ces notes la blancheur de l'hiver tout en lançant une passerelle fraternelle entre Kenneth White et Henri Michaux, à qui il dédia ce poème -
Propriétaire je suis moi aussi
j'ai douze arpents de silence blanc
tout au fond du cerveau.
- et saluons l'inventeur de la géopétique pour cet autre poème en forme de haïku hivernal :
Matin de neige à Montréal
Certains poèmes n'ont pas de titre
ce titre n'a pas de poème
tout est là, dehors.
18:59 Publié dans Kenneth White | Lien permanent | Commentaires (0)
28/11/2010
Michaux à Iquitos
Le 28 novembre 1928, Henri Michaux est à Iquitos, au coeur de l'Amazonie. De l'Equateur au Brésil il vient de traverser l'Amérique latine par la jungle, en pirogue, à cheval et à pieds. Rien de moins ! Il en ramène un journal de voyage, livre magique, essentiel, Ecuador, dans lequel on trouve l'un de ces plus beaux poèmes, Je suis né troué, confession brutale et fascinante du mal-être de l'homme occidental moderne...
J'ai sept ou huit sens. Un d'eux : celui du manque.
Je le touche et le palpe comme on palpe du bois.
Et c'est ma vie, ma vie par le vide.
S'il disparaît, ce vide, je me cherche, je m'affole et c'est encore pis.
Je me suis bâti sur une colonne absente.
14:43 Publié dans Henri Michaux | Lien permanent | Commentaires (0)
22/11/2010
Généalogie
A une table familiale, quand les générations s'additionnent et se font miroir, une onde passe en silence, entre le verre de vin et la tarte aux pommes. Que dit-elle ? Peut-être ce que pensait Paul Eluard dans Blason dédoré de mes rêves ( quel titre...) ?
Je suis fils de mes origines
j'en ai les rides les ravines
le sang léger la sève épaisse
les sommets flous les caves sombres
la rosée et la rouille
Je m'équilibre et je chavire
19:48 Publié dans Paul Eluard | Lien permanent | Commentaires (0)
13/11/2010
Poétique des zincs, des trains et de la marge
Et revoilà l'ami Perros, l'irremplaçable Perros. Le seul capable de dire l'essentiel en dix lignes sur les bistrots, les gares et son propre rapport à l'écriture ! Et de lier le tout en une prose d'une absolue fluidité. A ce niveau ce n'est plus du grand art mais de la simple et pure magie.
J'aime le zinc d'un bistrot, c'est une manière d'approcher les hommes à distance, de les entendre, de les voir, sans risquer d'être pris pour autre chose qu'une forme d'homme en transit. C'est un peu comme dans les gares. J'aime être entre deux trains. Je respire alors la vie à pleine tête, à plein corps, parce que je sais que voilà du fugitif, du "qui va finir". Je suis un homme d'entre-deux, jamais en place, et si j'écris, c'est dans la marge. Le texte est ailleurs.
21:57 Publié dans Georges Perros | Lien permanent | Commentaires (0)
11/11/2010
Mouvements
En 1951, Henri Michaux publie Mouvements, fascinant ballet de signes à l'encre noire, bouleversant portrait d'une humanité meurtrie. Quelques pages écrites au milieu du recueil tiennent lieu de commentaire. Une explication autant qu'une confession, d'une acide modernité, conclue par ces lignes :
Signes pour retrouver le don des langues
la sienne au moins, que, sinon soi, qui la parlera ?
Ecriture directe enfin pour le dévidement des formes
pour le soulagement, le désencombrement des images
dont la place publique-cerveau est en ce temps particulièrement engorgée
Faute d'aura, au moins éparpillons nos effluves.
23:54 Publié dans Henri Michaux | Lien permanent | Commentaires (0)
09/11/2010
Souvenir du sentier
Pour oublier un temps le mur de pluie qui ondule sur les toits et les rues de la ville, un pan de mémoire s'échappe vers un sentier parcouru. Pierrier, névé, lac turquoise, l'Italie à main droite, une montagne de fer à main gauche... Souvenir aussi du sens de la marche, que l'on a trouvé en conclusion du Poème de la masse d'Antoine Emaz.
Marcher assez longtemps jusqu'à user en soi ce qui alourdit le corps et raccourcit le souffle.
A l'intérieur, de la peur, là. Savoir que l'on porte en soi quelque chose qu'on ne sait pas. Une sorte de gros paquet.
21:08 Publié dans Antoine Emaz | Lien permanent | Commentaires (0)
05/11/2010
Comme des gouttes de silence
Par une très douce soirée d'Automne, Claude Esteban s'en vient accompagner une chanson douce et triste de Bonnie Prince Billy, et c'est un murmure secret qui se love dans le coeur des hommes... Puisse-t-il vivre au-delà de cette page...
Il pleut très doucement dans un poème
et la ville est couchée là tout près comme un bon chien,
des choses passent et puis d'autres reviennent
il y a des mots qui sont lourds de soleil
et qui disent très bien la fourrure secrète d'une femme
et d'autres qui sont pleins de brume jusqu'au réveil
il pleut si doucement que c'est peut-être un autre monde
pareil à celui-ci mais sans hâte et sans orgueil
et c'est dans le dedans de soi comme des gouttes de silence
21:47 Publié dans Claude Esteban | Lien permanent | Commentaires (0)