23/12/2010
De République au sentier du vide
Une expérience existentielle et poétique est la pratique quotidienne des couloirs de la station République à laquelle on juxtaposera, une fois les portes du métro enfin refermées, la lecture de la Lettre à un vieux calligraphe de Kenneth White. Une manière comme une autre de justifier l'existence vitale de la poésie en milieu urbain.
Cent jours passés
par les grèves et les montagnes
à l'affût
du héron et du cormoran
puis écrire ceci
à la lisière du monde
dans un silence devenu
une seconde nature
et connaître à la fin
dedans le crâne, dedans les os
le sentier du vide.
00:49 Publié dans Kenneth White | Lien permanent | Commentaires (0)
16/12/2010
Chemins perdus
Le temps qui passe, c'est bien l'une des grandes affaires de la poésie. La ride, le souffle court, le cheveu blanc, la mélancolie... Que de lignes, que de pages, pour tenter d'affronter, et de vaincre par le verbe un instant seulement, l'ennemi invisible... Ainsi Yves Bonnefoy, parlant de chemins qu'il n'est pas bon de reparcourir.
Vous avez été l'évidence, vous n'êtes plus que l'énigme. Vous inscriviez le temps dans l'éternité, vous n'êtes que du passé maintenant, par où la terre finit, là, devant nous, comme un bord abrupt de falaises.
23:54 Publié dans Yves Bonnefoy | Lien permanent | Commentaires (0)
12/12/2010
Retrouvailles
Un recueil avait disparu de la bibliothèque, il réapparaît et c'est un bonheur. Le dehors et le dedans est le seul volume de poèmes laissé par Nicolas Bouvier, grand voyageur certes, mais surtout immense écrivain. Pour fêter ces retrouvailles voici, in extenso, Love song III, daté de décembre 1977.
Quand tisonner les mots pour un peu de couleur
ne sera plus ton affaire
quand le rouge du sorbier et la cambrure des filles
ne te feront plus regretter ta jeunesse
quand un nouveau visage tout écorné d'absence
ne fera plus trembler ce que tu croyais solide
quand le froid aura pris congé du froid
et l'oubli dit adieu à l'oubli
quand tout aura revêtu la silencieuse opacité du houx
ce jour-là
quelqu'un t'attendra au bord du chemin
pour te dire que c'était bien ainsi
que tu devais terminer ton voyage
démuni
tout à fait démuni
alors peut-être...
mais que la neige tombé cette nuit
soit aussi comme un doigt sur ta bouche.
21:14 Publié dans Nicolas Bouvier | Lien permanent | Commentaires (0)
08/12/2010
En passant par Bruxelles
En passant par Bruxelles, il faut se perdre au sixième sous-sol du Musée des Arts Royaux, qui a vraiment quelque chose d'un tombeau, et saluer Léon Spilliaert en pensant, pourquoi pas, à Henri Michaux :
Comme on détesterait moins les hommes s'ils ne portaient pas tous figures.
15:59 Publié dans Henri Michaux | Lien permanent | Commentaires (0)