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31/03/2010

A la vie

Poésie ininterrompue de Paul Eluard est un invraisemblable poème de trente pages que l'on peut à chaque lecture redécouvrir, éprouvant selon l'humeur ou l'heure, un mélange confus d'exaltation et de rejet. Mais sa touche finale est une caresse que le temps n'évince pas :

Quand au printemps c'est l'aube

et la bouche c'est l'aube

et les yeux immortels

ont la forme de tout

nous deux toi toute nue

moi tel que j'ai vécu

toi la source du sang

et moi les mains ouvertes

comme des yeux

Nous deux nous ne vivons que pour être fidèles

à la vie

20:55 Publié dans Paul Eluard | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : éluard

28/03/2010

Une branche, une sente...

Lire de la poésie tient parfois du jeu de piste... Voyage étrange et  fantastique au gré de vallées ou sur la frange d'une canopée. On se laisse aller au gré des voix amies à emprunter de nouvelles sentes, à se hisser sur de nouvelles branches... Ainsi Bernard Noël apparaît comme passeur/préfaceur d'un recueil intitulé L'autre temps, sagement rangé sur une étagère de la belle librairie Papiers Collés (Eh oui, Perros encore...) de Draguignan et l'on découvre Roger Giroux et une nouvelle terre se dévoile :

Mais que savent les mots ?

Les mots font ce qu'ils peuvent :

des fous, des rois, des pions,

selon leur ordonnance et les limites de l'espace

où nous allons. Ce qui se passe

au fond du coeur, c'est une autre chanson :

des lueurs, des sons, venus d'ailleurs,

d'un autre âge peut-être, on ne sait pas.

Puis cela meurt...

21:00 Publié dans Roger Giroux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : giroux

25/03/2010

Une promesse

Comme un jeu intime entre le poète et son lecteur : prendre un recueil estimé, fermer les yeux, tourner les pages au hasard, laisser son doigt glisser sur la page, ludique et poétique tombola. Puis lire et relire l'unique vers ainsi choisi. Et s'en faire, pour un instant, une nuit ou une vie, une maxime inestimable. Aujourd'hui, jouons avec René Char :

L'homme est capable de faire ce qu'il est incapable d'imaginer. Sa tête sillonne la galaxie de l'absurde.

23:02 Publié dans René Char | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : char

23/03/2010

Chercher le sens... ou pas

La lecture de certains poètes - peu importe les noms, chacun en trouvera bien un exemple - soulève parfois une lancinante et pesante question : mais qu'a-t-il donc voulu dire ? Ce à quoi ce cher Perros répond avec acuité :

Demander le sens d'un vers, c'est vouloir en savoir plus long que le poète lui-même. Le sens d'un vers c'est et ce ne peut-être que le vers lui- même. Le poète s'embarasse, manque "d'esprit" si jamais il croit pouvoir signifier autrement que par la poésie. Et donne des regrets. Comme navre la possession, par une sotte d'un diamant.

23:24 Publié dans Georges Perros | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : perros

22/03/2010

Une correspondance

Nous sommes en 1960. Bernard Noël écrit pour la première fois à Georges Perros après avoir lu Papiers Collés 1. C'est le début d'une correspondance rare et magnifique, toujours disponible aux précieuses éditions Unes, qui rend encore plus estimable les oeuvres de chacun de ces hommes de lettres.

Il y a une certaine étendue de moi qui s'est trouvée plus vaste après vous avoir lu.

22:16 Publié dans Bernard Noël | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : noël, perros

17/03/2010

Cerisiers en fleurs

Une fois n'est pas coutume, Vox Poetik part loin, très loin, des langues françaises ou latines, et encore plus loin dans le temps - le 18è siècle -  pour saluer ces jours de douceur retrouvée. Issa, l'un des plus fameux maîtres ès haïkus, fine fleur de la poésie japonaise, enchante cette journée :

Ce monde imparfait

mais pourtant recouvert de

cerisiers en fleurs

20:38 Publié dans Issa | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : issa, haïkus

15/03/2010

Chiens et loups

A qui se demanderait, pourquoi la poésie ? , il y a bien des réponses mais la lecture d'Henri Michaux fait toujours éclater l'une des raisons les plus essentielles : la poésie est le miroir le plus lucide de la condition humaine, elle en est aussi souvent le commentaire politique le plus implacable.

Le sang du silence

coule constamment

Entre de hauts murs

on brouette ses soucis

le temps d'être au monde

d'être parricide

fratricide

Entre deux âges

on hisse ses couleurs

Ne peut plus changer, le courant.

La nappe qui ne conduit nulle part

vient de partout

Dans la tête

une divinité veuve

A tous les coins du monde

des chiens parcourent les steppesà loups

pour en faire des chiens.

 

18:37 Publié dans Henri Michaux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michaux

12/03/2010

Un bel morir

Jours de vent mauvais, jours de camarde. Un souffle de nuit passe sur l'azur et on se rappelle quelques lignes d'Alvaro Mutis :

Il se dit que la vraie tragédie de la vieillesse était qu'au fond de nous-mêmes gît un éternel petit garçon qui ne voit pas le temps passer.

20:29 Publié dans Alvaro Mutis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mutis

11/03/2010

Leçon du mur

Afin de lutter efficacement contre certaines tendances à l'encroûtement, et à la bêtise - deux axes d'infléchissement propres à l'homme - faisons dialoguer ici deux poètes qui n'ont rien de commun sauf la lucidité, Fernando Arrabal et Antoine Emaz :

D'Arrabal à qui l'on parlait de ces racines répondit : Mes racines ? Je ne suis pas un géranium.

D'Antoine Emaz, ce poème d'En-deça :

Leçon du mur : bouger n'est qu'une vaine dépense d'énergie, une illusion de puissance. Devenir inerte, concentrer la force, telle est la sagesse.

Mais le goût de l'élan, de l'avancée, du saut... Mais le désir.

La sagesse du mur ne convient pas.

12:42 Publié dans Antoine Emaz | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : emaz, arrabal

07/03/2010

Week-end avec enfants

Une nouvelle perle des Papiers collés de Georges Perros. Sans commentaire...

Pour peu qu'on soit un rien distrait, la journée passe comme une lettre à la poste. Et nous nous retrouvons dans la position horizontale sans avoir eu le temps de dire ouf. Il suffirait de se voir passer ainsi du jour à la nuit, dans un mouvement de bascule accéléré, pour comprendre un peu plus nettement ce qui rend notre condition incompréhensible.