29/04/2010
L'épi de l'univers
Il est une librairie à Tours, Le Livre, dont les tables et les rayons sont emplis d'oeuvres rares et fortes, de mots d'hommes et de femmes pour qui l'écrit n'est pas un plan media mais une source vitale. Et même si Eluard n'est peut-être pas le poète élu de cette place forte du livre, ce sont étrangement ces mots de Ailleurs ici partout qui se sont imposés en ce lieu :
Voici ma table et mon papier je pars d'ici
et je suis d'un seul bond dans la foule des hommes
Mes mots sont fraternels mais je les veux mêlés
aux éléments à l'origine au souffle pur
Je veux sentir monter l'épi de l'univers
08:19 Publié dans Paul Eluard | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : eluard
25/04/2010
Michaux le Sage
Il serait fou, inconvenant même, de rattacher Henri Michaux à quelque chapelle que ce soit. Toutefois, ce grand connaisseur de l'Orient laissa infuser en lui certaines lectures marquantes des préceptes taoïstes et l'on retrouve en 1981 dans Poteaux d'angle les échos, sardoniques et malicieux, de l'étrange sagesse dont il était empreint.
Garde ce qu'il faut d'ectoplasme pour paraître "leur" contemporain.
Ne te livre pas comme un paquet ficelé. Ris avec tes rires; crie avec tes rires.
Toi, de ton côté, n'interromps jamais un rêveur. Comment ne te haïrait-il pas ?
08:09 Publié dans Henri Michaux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michaux
24/04/2010
Du bleu
D'un quotidien face à face avec la mer et l'azur du Sud on conserve une foule de sensations visuelles que l'on a toujours peine à retranscrire. Par défaut on couche sur papier glacé ces images. Aussi rendons grâce à Jean-Michel Maulpoix d'avoir su dire dans Une histoire de bleu ce qui nous laisse muet :
L'azur, certains soirs, a des soins de vieil or. Le paysage est une icône. Il semble qu'au soleil couchant le ciel qui se craquelle se reprenne un instant à croire à son bleu. Un jour inespéré se lève tandis que sur la mer la nuit prend ses appuis.
09:43 Publié dans Jean-Michel Maulpoix | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maulpoix
15/04/2010
Une pause, un instant, merci...
L'écart entre certaines dates de Vox Poetik l'atteste, il est des brèches dans nos vies, des failles où un temps féroce et omnivore semble avaler les heures. Il nous ballote au gré des rues, nous essore et nous laisse, rincés, un peu hagards sur le bord de nos lits et l'on voudrait une pause, un instant, un peu de rien, juste le temps de relire Eluard, merci...
Tous et toutes grains de sable
impalpables dans le vent
Tous et toutes étincelles
sous une ombrelle de feu
Sommes-nous hommes et femmes
de ces enfants que nous fûmes
Le vent s'est désorienté
la lumière s'est brouillée
Un rien nous tient immobiles
réfléchissant dans le noir
20:10 Publié dans Paul Eluard | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : eluard
11/04/2010
Peindre le vent
Dans l'univers poétique d'Alvaro Mutis, il est un jour où Maqroll le Gabier rencontre Alejandro Obregon le peintre. Un jour de soleil et de vent comme aujourd'hui peut-être, un jour où les ombres s'étirent sous l'horizon, un jour où l'on pourrait penser ce que dit le peintre Obregon :
... je veux peindre le vent qui entre par une fenêtre et sort par une autre, comme ça, et rien de plus. Le vent qui ne laisse pas de traces, le vent si pareil à nous, à notre vie, à cette chose qui n'a pas de nom et qui file entre nos mains sans que nous sachions comment.
18:53 Publié dans Alvaro Mutis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mutis
08/04/2010
Tranches de savoir
Sans que cela fut mentionné - erreur - nombre de citations d'Henri Michaux déjà publiées dans Vox Poetik étaient extraites des Tranches de savoir que l'on trouve en collection Poésie/Gallimard dans le volume Face aux verrous. Précisions plus que nécessaires car cet ensemble d'aphorismes et de courts textes est le portrait le plus juste que Michaux fit de lui-même et qu'à ce titre, et pour qui veut découvrir son oeuvre, il est juste indispensable ! C'est là que l'on trouve ces quelques lignes qui sonnent comme des professions de foi :
Attention au bourgeonnement ! Ecrire plutôt pour court-circuiter.
Ne désespérez jamais. Faites infuser davantage.
Le désert n'ayant pas donné de concurrent au sable, grande est la paix du désert.
20:52 Publié dans Henri Michaux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michaux
07/04/2010
Poème serré
Antoine Emaz a le goût des titres justes. Voici un extrait de Poème serré, comme le serait un café peut-être, que l'on trouve dans Caisse claire, comme sa voix sûrement. C'est un talent particulier, une histoire de souffle, un équilibre, que l'on cherche parfois, souvent en vain. Il l'a trouvé, merci à lui et suivons ses traces.
on va au bout
des mots
du corps
après
on ne résiste plus
après c'est du murmure
de vieux airs qui reviennent
permettent d'attendre encore
là
que ça cesse
00:15 Publié dans Antoine Emaz | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : emaz
04/04/2010
Ce que les hommes disent, parfois...
On en dit des choses sur les hommes et leurs sentiments, sur ce qu'ils ne savent pas dire de leurs sentiments, justement... Mais voilà ce qu'un homme peut dire lorsqu'il est poète et qu'il ouvre son coeur à un autre poète... Après de longues années de correspondances, sans jamais se voir, uniquement dans l'espace de leurs mots, Georges Perros écrit à Bernard Noël :
Pas de distance entre vous et moi, vous êtes là, tous les jours, dans cet espace de tendresse, sémaphore, bouée. De l'inoubliable entre nous. Au-delà, sans doute, des mots, ces martyrisés. Qui nous en auront fait voir...
11:22 Publié dans Georges Perros | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : perros, noël