25/07/2014
Une page sur deux
Parfois, la lecture devient un jeu : lire une page sur deux, choisir l'impair, et composer un nouveau poème, clandestin, investi d'une nouvelle lumière... Rythme braconné, miroir décalé d'une illusion devenant vérité... Comme tous les écrits finalement... Exercice pratique avec les pages 47 à 51 du Dieu nu(l) de Antonio Ramos Rosa.
Ecrire dans la calme flexibilité. Presque une flamme, presque oublier...
Dans la désolation sans feuillage, sans la poussière lucide du silence...
Et presque l'écume lente, presque le vent végétal.
***
Sans avidité, dans un enchantement aérien, dessiner le mot passionnément exact.
***
Les mots s'éteignent un à un dans l'intimité ouverte de la distance. Ou dans le sommeil de la montagne. Ou sous les paupières de l'air.
23:59 Publié dans Antonio Ramos Rosa | Lien permanent | Commentaires (0)
27/10/2013
A minuit, près de la fenêtre...
A minuit, près de la fenêtre... Au plus près du silence, entre hier et demain, voici le lieu fragile, le lien serein : les pages d'un livre qui respirent plus fort d'être ouvertes encore une fois. Ouvrez les pages d'un livre et c'est un peu d'air pur qui circule au gré des rues, ouvrez les pages d'un recueil de poésie et renouvelez l'air du temps. Antonio Ramos Rosa, Animal regard, page 53 :
Le papier, la table, le soleil, la plume...
A côté, la fenêtre. Je ne possède rien
et je ne suis rien de ce que j'écris. Et je n'attends
rien de tout ce que j'espère.
Tout en écrivant je ne suis pas je ne veux pas
je n'écoute ni les paroles ni le silence.
J'aligne des mots je ne chemine pas encore.
Je suis devant une table pauvre et immobile.
Le papier, la table, le soleil, la plume...
Rien ne commence, même à l'ombre je ne respire pas.
Tout est clair et distinct.
00:12 Publié dans Antonio Ramos Rosa | Lien permanent | Commentaires (0)
16/10/2012
Voici la terre nue...
Ce temps imparti, que nous traversons, passant, passeur, colporteur d'énigmes et de sensations... Rendons grâce à ceux qui le magnifient, qui nous le rendent intelligibles : ces poètes que nous croisons, qui sont nos pères et nos mères, nos frères et nos soeurs de coeur. De leurs mains nous saisissons l'étreinte, à leurs voix nous puisons les paroles qui nous manquent et de leurs passages dans notre temps, nous conservons des mots qui sont bien plus que des mots : des morceaux de vie plus denses, parfois, que nos vies. Le passant du jour est Antonio Ramos Rosa.
Quelqu'un écrit-il ? Quelqu'un saura-t-il énoncer les devinettes
scintillantes, dire les murmures, les taches mobiles
d'un seul corps libéré dans la claire confluence ?
Aucune parole ne peut dire la joie du vent.
Voici la terre nue de notre identité.
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20/02/2012
Les armes imprécises
D'où vient le poème ? Leçon une, par Antonio Ramos Rosa. Portrait de l'écrit en son origine, magnifique d'humilité, rappelant quelques fondamentaux : le poète, avant d'être artiste, est artisan. Sa vie est matière brute sur l'établi. Il travaille, il tâtonne, il façonne. Ecoute, labeur, ascèse sont aux ordres des mots.
J'écris avec des mains détruites...
Je descends avec le sable de l'ombre...
La splendeur d'un juste domaine. Et une terre éveillée, pure d'abandon...
La page mobile se remplit de murmures blancs et de lampes de pays sans nom. Quelque chose veut parler, quelque chose habite le silence, quelque chose se lève et se perd parmi des fragments épars.
***
Je cherche obstinément à comprendre. J'écoute, je touche, mais où sont les armes imprécises ?
Entre argile et soleil, je veux dessiner le geste qui m'épie et me domine.
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28/05/2011
Qui attend
Non, le poète n'écrit pas dans une glorieuse et contemplative solitude. Celui qui voudrait le faire croire est un menteur doublé d'un sot. La vérité est plutôt du côté d'Antonio Ramos Rosa : la solitude de l'écriture n'est qu'une souffrance soulagée par la seule certitude que quelqu'un attend...
Quelqu'un m'attend, quelqu'un qui a soif et qui appelle. Qui appelle en silence. Il ne dit aucun secret, mais c'est tout comme s'il m'en avait dit un : écris.
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07/11/2009
Vers le Portugal
Fernando Pessoa a ouvert le bal des voix portugaises, d'autres suivront, elles se pressent déjà au seuil de ces pages. Par qui commencer : Al Berto, Herberto Helder, Nuno Judice, Jorge de Sena, Antonio Ramos Rosa ? Oui, celui-là. Dans les pages des cahiers qui nourrissent Vox Poetik, les citations de Ramos Rosa sont nombreuses, elle ont bien mûri, elles sont prêtes.
Je suis une proue érodée
entourée d'un troupeau d'algues violettes
je suis un aveugle attentif
qui recherche le silence des mots
issus du silence
19:04 Publié dans Antonio Ramos Rosa | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ramos rosa