30/12/2013
Une serpe de lait
Dans quelques pages des suppléments littéraires de 2014 on parlera sous peu de Philippe Jaccottet à qui un volume de la Pléiade va être consacré, rarissime honneur fait à un poète de son vivant. Pour l'heure il est compagnon d'insomnie, présence nocturne, apaisement par les mots.
Je garderai dans mon regard
comme une rougeur plutôt de couchant que d'aube
qui est appel non pas au jour mais à la nuit
flamme qui se voudrait cachée par la nuit
J'aurai cette marque sur moi
de la nostalgie de la nuit
quand même la traverserais-je
avec une serpe de lait
***
J'ai de la peine à renoncer aux images
Il faut que le soc me traverse
miroir de l'hiver, de l'âge
Il faut que le temps m'ensemence
04:53 Publié dans Philippe Jaccottet | Lien permanent | Commentaires (0)
16/12/2013
Le voyage immobile
Mêlez l'oud, le piano et l'accordéon du Voyage de Sahar d'Anouar Brahem aux pages de Conjoncture du corps et du jardin de Claude Esteban, baissez les lumières, laissez un murmure de soie empreindre la pénombre... et c'est comme si on lisait à même un coeur, comme si on entendait, enfin, le chant d'une peau...
J'ai refermé, sans le finir, mon livre. Qu'importent les mots clairs ? Toutes les pages lues parlaient d'un soleil immobile. Je n'ai pas vu l'ombre s'accroître sur le mur.
22:45 Publié dans Claude Esteban | Lien permanent | Commentaires (0)
12/12/2013
traversées du temps
Certaines lignes s'enracinent dans un pli de mémoire et vivent une vie discrète avant de ressurgir. D'où viennent-elles ? De qui sont-elles ? Et voilà une drôle de quête qui débute et qui ne connaît qu'une voie. Lire, lire et relire des oeuvres déjà lues jusqu'à retrouver l'objet de la rêverie, c'est le travail du lecteur, seul écho digne du travail du poète : nous rendre intelligible à nous-mêmes en inscrivant au plus profond de nos sens des mots qui traverseront le temps...
Six lignes extraites de Paix dans les brisements de Henri Michaux.
purifié des masses
purifié des densités
tous rapports purifiés dans le miroir des miroirs
éclairé par ce qui m'éteint
porté par ce qui me noie
je suis fleuve dans le fleuve qui passe
21:44 Publié dans Henri Michaux | Lien permanent | Commentaires (0)