29/01/2013
Membrane
Et la poésie après tout, avant tout, pourrait n'être que cette membrane qui nous sépare, nous protège de l'univers, du réel. Une poche d'absence, une niche de présence. Mais parce que faite de la même matière que cet univers - émotion, affection, infection - elle nous en permet une compréhension plus fine, quasi sensuelle.
Mais ceci n'est peut-être, après tout, avant tout, que la vérité d'un seul poème, Struga de Bernard Noël par exemple...
qu'est-ce que la poésie des langues jetées
du haut d'un pont trois rangs de bouches battantes
de la nuit et des jets de lumière blanche
quelques petits feux au bout des jeunes filles
un torrent bordé de bras qui brassent l'air
les fusées d'une fête où les mots explosent
pétards projetés plus loin que leur portée
métamorphose de matière verbale
une pentecôte a lieu dans chaque oreille
un même remous de parole émouvante
où de la tête au coeur le son devient sens
18:13 Publié dans Bernard Noël | Lien permanent | Commentaires (0)
25/01/2013
Métiers délicats
Réflexions d'un poète sur quelques activités mineures que l'on ne saurait faire sans avoir été averti au préalable de leurs inconvénients majeurs et que, tout compte fait, il serait peut-être préférable d'éviter.
Rien n'indique que Henri Michaux ait pratiqué ces activités mais sa grande lucidité et son immense sagacité feront ici autorité.
La chemise de l'apiculteur pique.
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Scaphandrier voulant saisir une épingle pleure ou tremble.
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Vitrier nerveux sans cesse compte ses doigts.
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Skieur au fond d'un puits.
15:58 Publié dans Henri Michaux | Lien permanent | Commentaires (0)
04/01/2013
Au matin de l'an neuf
Premiers jours de l'année... Considérons qu'il s'agit du matin de l'an neuf et, par une subtile analogie, allons-donc puiser dans Les Matinaux de René Char quelques lignes pour entamer cette nouvelle journée de nos vies sous les meilleurs auspices possibles.
Que l'on s'emploie en 2013 à gravir une falaise, s'initier au trapèze ou entamer une silencieuse ascèse, ces quelques mots du maître de la Sorgue auront peut-être leur utilité.
Il faut souffler sur quelques lueurs pour faire de la bonne lumière. Beaux yeux brûlés parachèvent le don.
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Imite le moins possible les hommes dans leur énigmatique maladie de faire des noeuds.
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Enfin, si tu détruis, que ce soit avec des outils nuptiaux.
22:26 Publié dans René Char | Lien permanent | Commentaires (0)