Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/05/2012

Désert ou cités

C'est bien connu, les poètes ont souvent des "semelles de vent" qui les emmènent en terres lointaines, ils voyagent, arpentent l'ailleurs qu'ils peuplent de nouvelles lignes... Mais aussi souvent ils reviennent au coeur des cités qui, c'est un fait, les entendent bien mieux que le vide du désert... Cette histoire est celle d'un beau poème d'Andrée Chedid, Désert ou cités, qui s'achève par ces mots :

Je ne sais quel désir

quelle passion ou quelle soif

nous ramènent au monde

au peuplement des cités

au fleuve à l'arbre aux hommes

à l'énigme qui nous féconde

à l'angoisse qui nous taraude

à l'écueil qui nous grandit.

14/05/2012

Le refuge est ténèbres

La ville soudain vous empale, il vous faut l'esquiver. Vous trouvez refuge dans un lieu de silence : temple, église, pierre et lumière, fraîcheur et encens. Quelque chose, inévitablement, transporte, déplace le réel… La parole de Celan surgit alors, la parole d’un survivant, une parole de cendre, un linceul sur le sacré, peut-être la parole la plus terriblement humaine extraite des temps noirs de la guerre... Tenebrae, que l’on peut lire dans Grille de parole.

Nous sommes proches, Seigneur,

proches et saisissables.

Saisis déjà, Seigneur,

engriffés l'un dans l'autre, comme si,

le corps de chacun de nous

était ton corps, Seigneur.

Prie, Seigneur,

prie-nous,

nous sommes proches.

Tout déjetés nous sommes allés,

sommes allés nous courber

vers le creux et le cratère.

Nous sommes allés à l'abreuvoir, Seigneur.

C'était du sang, c'était

ce que tu as versé, seigneur.

Il brillait.

Il nous jeta ton image aux yeux, Seigneur.

Les yeux, la bouche sont si ouverts, sont si vides, Seigneur.

Nous avons bu, Seigneur.

Le sang et l'image qui était dans le sang, Seigneur.

Prie, Seigneur.

Nous sommes proches.

23:30 Publié dans Paul Celan | Lien permanent | Commentaires (0)

01/05/2012

Se souvenir de Celan

Premier Mai, jour du muguet, jour de combat. L'air embaume, le pavé est battu, la ville est parcourue, tensions diverses, bonnes et mauvaises, les temps sont compliqués... Mais pour celles et ceux qui font leur lit de la poésie un premier jour de Mai peut aussi être un jour de souvenir : ce même jour, en 1970, Paul Celan se jetait dans la Seine et n'en ressortait pas... Son oeuvre est une montagne, voici une première sente pour la parcourir, le poème Psaume extrait de La rose de personne.

Personne ne nous repétrira de terre et de limon,

personne ne bénira notre poussière.

Personne.

 

Loué sois-tu, Personne.

Pour l'amour de toi nous voulons

fleurir.

Contre

toi.

 

Un rien

nous étions, nous sommes, nous

resterons, en fleur :

la rose de rien, de

personne.

 

Avec le style clair d'âme,

l'étamine désert-des-cieux,

la couronne rouge

du mot pourpre que nous chantions

au-dessus, au-dessus de

l'épine.

21:53 Publié dans Paul Celan | Lien permanent | Commentaires (0)