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14/05/2012

Le refuge est ténèbres

La ville soudain vous empale, il vous faut l'esquiver. Vous trouvez refuge dans un lieu de silence : temple, église, pierre et lumière, fraîcheur et encens. Quelque chose, inévitablement, transporte, déplace le réel… La parole de Celan surgit alors, la parole d’un survivant, une parole de cendre, un linceul sur le sacré, peut-être la parole la plus terriblement humaine extraite des temps noirs de la guerre... Tenebrae, que l’on peut lire dans Grille de parole.

Nous sommes proches, Seigneur,

proches et saisissables.

Saisis déjà, Seigneur,

engriffés l'un dans l'autre, comme si,

le corps de chacun de nous

était ton corps, Seigneur.

Prie, Seigneur,

prie-nous,

nous sommes proches.

Tout déjetés nous sommes allés,

sommes allés nous courber

vers le creux et le cratère.

Nous sommes allés à l'abreuvoir, Seigneur.

C'était du sang, c'était

ce que tu as versé, seigneur.

Il brillait.

Il nous jeta ton image aux yeux, Seigneur.

Les yeux, la bouche sont si ouverts, sont si vides, Seigneur.

Nous avons bu, Seigneur.

Le sang et l'image qui était dans le sang, Seigneur.

Prie, Seigneur.

Nous sommes proches.

23:30 Publié dans Paul Celan | Lien permanent | Commentaires (0)

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