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05/02/2012

De l'utilité d'une postface

On ne les lit pas toujours, ou trop distraitement. On pense que l'écrivain, à fortiori un poète, a déjà dit l'essentiel et qu'il n'y aurait dans la postface qu'aimable redite. Que l'on se trompe ! Henri Michaux est là pour recadrer nos jugements.

Mes propriétés est une pierre angulaire de son oeuvre. Dès 1930 elle introduit toute la singularité de Michaux : en marge de toute école ou groupe, sa voix secoue, interroge et bouleverse la matière humaine. Textes fondamentaux pour le lecteur, ces pièces l'étaient également pour l'auteur qui leur adjoint en 1934 une postface, sorte de guide lecture, tout aussi nécessaire que le corpus principal. On y lit ainsi :

Ce livre, cette expérience donc qui semble toute venue de l'égoïsme, j'irais bien jusqu'à dire qu'elle est sociale, tant voilà une opération à la portée de tout le monde et qui semble devoir être si profitable aux faibles, aux malades et aux maladifs, aux enfants, aux opprimés et inadaptés de toute sorte.

Ces imaginatifs, souffrants, involontaires, perpétuels, je voudrais de cette façon au moins leur avoir été utile.

N'importe qui peut écrire "Mes propriétés".

C'est à cette lumière que l'on lira et relira encore l'essentiel Je suis gong.

 

Dans le chant de ma colère il y a un oeuf,

et dans cet oeuf il y a ma mère, mon père et mes enfants,

et dans ce tout il y a joie et tristesse mêlées, et vie.

Grosses tempêtes qui m'avez secouru,

beau soleil qui m'a contrecarré,

il y a haine en moi, forte et de date ancienne,

et pour la beauté on verra plus tard.

Je ne suis, en effet, devenu dur que par lamelles;

si l'on savait comme je suis resté moelleux au fond

je suis gong et ouate et chant neigeux

je le dis et j'en suis sûr.

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