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20/06/2011

Le créancier indulgent

Rien dans l'oeuvre d'Erri de Luca n'a été à ce jour publié en français sous le vocable de poésie mais il travaille comme un orfèvre la même universelle matière : rendre de l'homme une épure et nous l'offrir. Spécialement dans Le poids du papillon :

Quand un homme s'arrête pour regarder les nuages, il voit défiler le temps au-dessus de lui, un vent qui enjambe. Alors il faut se remettre debout et le rattraper.

(...)

Sa vie au gré des saisons était allée avec le monde. Il l'avait gagnée tant de fois, mais elle ne lui appartenait pas. Il fallait la rendre, froissée après avoir été utilisée. Quel était ce créancier indulgent qui la lui avait prêtée neuve et la reprenait usée, à jeter.

09/06/2011

Au rayon occasion

Dans les linéaires d'une grande librairie parisienne on trouve parfois des occasions dont la présence laisse perplexe. Ainsi en ce mois de mai quelqu'un est allé revendre des livres de Claude Esteban. Des pages qu'il n'aura donc pas aimées, voire même pas lues. C'est ainsi... mais peut-être ces aphorismes s'étaient dérobés à son regard :

Dans la mémoire des autres

nos blessures

guérissent toujours.

***

Je porterai le temps sur l'épaule

pour marcher

mieux.

***

Laissez dormir les dieux

sous leurs pierres,

ils ne parlent qu'aux serpents.

07/06/2011

Unifier simplifier pénétrer

A la suite de Kenneth White marchant le long des côtes bretonnes il est nécessaire de s'imprégner de son art poétique. Il y a là une vérité qui s'impose en tout lieu, landes ou boulevards, vibrant d'un même souffle, battant d'un même ton.

et toujours la question

est d'unifier

de simplifier

de pénétrer

la violence de la poésie

est calme et silencieuse

et pénètre loin -

jusqu'à l'os

jusqu'au blanc

02/06/2011

Le temps de la Beauté

Dans nos ténèbres, il n'y a pas une place pour la Beauté. Toute la place est pour la Beauté.

Ces mots, dernières lignes des Feuillets d'Hypnos de René Char, viennent d'un temps où des hommes cherchaient les masques de glaise et de fougères qui les protègeraient de la folie guerrière. On parle d'un temps, mais l'on pense aussi : d'un autre monde, d'un monde fini, qu'il est difficile de regretter certes... mais est-ce dans le nôtre que l'on écrit et pense ainsi ?

21:16 Publié dans René Char | Lien permanent | Commentaires (0)