23/02/2011
Dans les mots
Antoine Emaz n'a pas son pareil pour mettre à nu les minuscules failles quotidiennes de nos vies. C'est parfois douloureux, mais toujours justes et intenses. Et lorsqu'il rapproche l'hiver du travail du poète, on lui sait gré de rappeler que le minutieux ciselage des mots ne se fait pas crinière au vent... et que c'est peut-être lorsqu'ils sont fouillés jusqu'à l'os que les mots sonnent vrais...
dans les mots
du très peu
dans les mots
seul
toucher l'hiver
déplacer de petites pierres transparentes
à peu près ça
//
tout est si net
les mots se mettent à couper les doigts
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après
c'est de la nuit
et on ne peut pas
la nuit
avec les mains
07:38 Publié dans Antoine Emaz | Lien permanent | Commentaires (0)
14/02/2011
Des voix enragées
Ils et elles crient, brandissent leurs poings, ouvrent les vannes de leurs colères, enflamment les rues. Et sous leurs cris, le réel vacille. A les voir, à les entendre, on pensera à Jacques Dupin, dans un poème intitulé La Trêve :
Les chiens qui dorment dans ma voix
sont toujours des chiens enragés.
18:11 Publié dans Jacques Dupin | Lien permanent | Commentaires (0)
07/02/2011
Poème, blessure
L'idée que se font les poètes de leur rapport à la matière poétique est toujours singulièrement rassurante sur le rapport qu'on entretiendra en général avec tout ce qui peut sembler essentiel : grosso modo, rien n'est évident et c'est après en avoir bavé (un peu, plutôt, pas mal) que l'on arrive à bon port. Ici c'est Franck Venaille qui nous parle :
D’ici là
La blessure se sera cicatrisée
La souffrance diluée dans l’air
D’ici là nous aurons pris sacs et besaces
Débordant de poèmes à la traîne, blessés
D’ici là
Je dirai : « je suis en équilibre
Entre la beauté des choses
Et son autre face monochrome »
Comment l’appelait-on, déjà ?
ce grand écart sentimental
entre vivre et écrire ?
12:28 Publié dans Franck Venaille | Lien permanent | Commentaires (0)