31/08/2010
Vivre est assez bouleversant
D'érudits critiques ont certainement tracé les lignes qui lient la langue de Perros à celles de ces glorieux ancêtres en poésie, il faudrait chercher dans les bibliothèques... Ici on savourera seulement cette parole qui nous tend un miroir doux et cruel, mais jamais amer, dans lequel nous voyons un ami, un frère, un confident...
Vivre est assez bouleversant
quoique médisent nos sceptiques
De quoi demain sera-t-il fait
ô plus on va plus on le sait
car enfin le jeu perd sa mise
et les dés demeurent dans nos mains
Porte de plus en plus étroite
qu'il est maigre notre destin
pour y trouver de quoi le fuir.
22:01 Publié dans Georges Perros | Lien permanent | Commentaires (0)
30/08/2010
Une vie ordinaire
Déclarons ouverte une semaine en hommage à Georges Perros. Comme l'époque est propice aux visites de librairies dont les tables se couvrent de centaines de nouveaux romans, pensez à bifurquer vers le rayon poésie où se trouvera peut-être Une vie ordinaire de Georges Perros. Vous y lirez page 73 ce qui suit et peut être aurez-vous envie d'en lire plus, ce serait bien...
J'avance en âge mais vraiment
je recule en toute autre chose
et si l'enfance a pris du temps
à trouver place en moi je pense
voilà qui est fait et je suis
devenu susceptible au point
qu'on peut me faire pleurer rien
qu'en me prenant la main Je traîne
en moi je ne sais quelle santé
plus prompte que la maladie
à me faire sentir la mort
Tout m'émeut comme si j'allais
disparaître dans le moment
Ce n'est pas toujours amusant.
20:56 Publié dans Georges Perros | Lien permanent | Commentaires (0)
24/08/2010
Le dernier jour
C'est un corps à terre rue Montholon. Un corps recouvert d'un drap. Il y a une chaussure sur la chaussée, une perruque sur le trottoir. Des pompiers, la police. On n'en saura pas plus. On sait l'essentiel, le dernier jour, on sait la terreur et l'on pense à Roberto Juarroz...
Le jour où sans le savoir
nous faisons une chose pour la dernière fois
- regarder une étoile,
passer une porte
aimer quelqu'un,
écouter une voix -
si quelque chose nous prévenait
que jamais nous n'allons la refaire,
la vie probablement s'arrêterait
comme un pantin sans enfant ni ressort.
21:20 Publié dans Roberto Juarroz | Lien permanent | Commentaires (0)
23/08/2010
Pour se souvenir des soirs d'été
Il semblerait qu'Antoine Emaz soit plutôt un homme des terres atlantiques, des landes et du sable. Tant pis on lui empruntera quand même ces mots rares et précieux pour parler de certaines terres du Sud, jamais loin des montagnes.
Soir. De hauts nuages, de la lumière lente (...) A travers l'heure en reviennent d'autres, aussi bleues. A nouveau regarder.
Retrouver comment croire reprendre en main. Du calme et du bleu bien là pourtant. Du bleu surtout : le calme suit vite quand le bleu est tel, sans aucun vent.
Soir. Sans fin les yeux dans le ciel silencieux. On se dissout dans l'air, dans l'épaisseur cassée, poudroyée d'une seule couleur immensément fine et légère, à ciel ouvert.
16:21 Publié dans Antoine Emaz | Lien permanent | Commentaires (0)
20/08/2010
A jamais sur terre
Au lendemain d'un temps noir, Paul Eluard pense à René Char et lui dédie L'âge de la vie qui s'achève par ces vers pétris d'une fraternité que l'on voudrait clamer haut et fort dans ce pays qui parfois nous fait encore honte :
En dépit des pierres
à figure d'hommes
nous rirons encore
En dépit des coeurs
noués et mortels
nous vivons d'espoir
Rien ne nous réduit
à dormir sans rêves
à supporter l'ombre
Il n'y a sur l'heure
doute ni soupçon
d'une heure semblable
A jamais sur terre
tout remue et chante
change et prend plaisir
19:31 Publié dans Paul Eluard | Lien permanent | Commentaires (0)