10/01/2014
La voix vide
Le parquet grince, les enfants dorment, des arpèges, bientôt minuit... Un moment vient, fine ligne cerclant la nuit. Un moment de rien, mouvement ténu, clos et ouvert, traces de naissance et de fin. Tout en un, moment vertige, inabouti, impalpable... Seule la poésie peut le dire, et encore... faut-il aussi s'appeler Roberto Juarroz.
Une arête dans la gorge
peut évider la voix.
Mais la voix vide parle aussi.
Seule la voix vide
peut dire le saut immobile
vers nulle part,
le texte sans paroles,
les trous de l'histoire,
la crise de la rose,
le rêve de n'être personne,
l'amour le plus désert,
les cieux abolis,
les fêtes de l'abîme,
la conque brisée.
Seule la voix vide
peut parler du vide.
Ou de son ombre claire.
23:58 Publié dans Roberto Juarroz | Lien permanent | Commentaires (0)
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