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07/06/2013

Sauf

C'est le titre d'une anthologie des poèmes d'Antoine Emaz. Aussi essentielle que la première, Caisse claire. On aimerait l'entendre comme dans "sain et sauf". Mais ce serait ajouter un mot, un mot de trop. Et chez Emaz, le mot de trop n'existe pas, jamais. Rare pesée du mot chez cet homme, fine balance toujours à l'oeuvre. On voudrait que la vie toute entière soit aussi précisément et justement mesurée. Serait-elle plus simple la vie, alors ? On ne sait pas... mais certains soirs, un bout de poème comme dans Poème en miettes la délimite à sa plus claire finalité. Ca ne résoud rien mais cela fait du bien.

Poème, débris ou indice d'un travail à faire. On ramasse, on termine, on ferme, on boucle, pour en finir.

Au bout, c'est encore tellement en avant que cela effraie.

03/06/2013

Je sais

Un petit livre rouge vit sur les tables des (bonnes) librairies de France et d'ailleurs un drôle de destin. Exposé depuis 2006, conseillé, lu et transmis par quelques infatigables passeurs, il sort de l'ordinaire en n'exprimant rien d'autre que l'ordinaire. 469 phrases commençant par "Je sais...". 469 notes, fines, banales, mais exprimées avec un tel concentré d'acuité et d'extrême simplicité qu'elles en deviennent, souvent, vertigineuses. Je sais de Ito Naga, chez Cheyne Editeur, est un livre rare.

284. Je sais que, comme pour le corps, il faudrait constamment se soucier de ce que l'esprit consomme.

285. Je sais qu'on redoute de s'abîmer en écoutant certains.

286. Je sais que des images bégnines peuvent nous hanter longtemps, comme ce corbeau estropié après la tempête.

287. Je sais que la pensée est par moments comme un fleuve en crue, qu'on peut alors ressentir comment on devient bègue.

23:56 Publié dans Ito Naga | Lien permanent | Commentaires (0)