26/05/2013
Le brouillon d'un texte
Nouvelle plongée dans la Poésie verticale de Juarroz. Sous la pleine lune, petite musique métaphysique de la nuit, miroir du doute et de l'imperfection, portrait d'un homme fait de mots, hanté par les mots, ne pouvant demeurer que dans et par les mots... et au bout de la ligne de fuite, un ultime espoir.
Nous sommes le brouillon d'un texte
qui ne sera jamais mis au net.
Avec des mots rayés,
répétés,
mal écrits
et même avec des fautes d'orthographe.
Avec des mots qui attendent,
comme attendent tous les mots,
mais ici abandonnés,
doublement abandonnés
entre des marges droites et vides.
Il suffirait pourtant qu'une seule fois
ce brouillon maladroit soit lu à voix haute
pour que nous n'attendions plus désormais
de texte définitif.
00:16 Publié dans Roberto Juarroz | Lien permanent | Commentaires (0)
21/05/2013
Un jour je serai
On ne soupçonne pas toujours la force du verbe qui s'empare d'un esprit et d'une voix. Cette force qui fait chemin, cette force qui fait passion, cette force qui fait vie. Une force qui fait lien dans la nuit, puits de lumière, ciel rendu à l'azur... Parfois, un poète rend la dimension de cette force en une seule oeuvre. Murale de Mahmoud Darwich en est la démonstration. On trouve ce qui suit dès la seconde page, le reste est à l'avenant.
Un jour je serai ce que je veux.
Un jour je serai oiseau, et de mon néant,
je puiserai mon existence. Chaque fois
que mes ailes se consument,
je me rapproche de la vérité et je renais des cendres.
Je suis le dialogue des rêveurs.
J'ai renoncé à mon corps et à mon âme
pour accomplir mon premier voyage au sens,
mais il me consuma et disparut.
Je suis l'absence. Je suis le céleste
pourchassé.
Un jour je serai ce que je veux.
Un jour je serai poète
et l'eau se soumettra à ma clairvoyance.
00:04 Publié dans Mahmoud Darwich | Lien permanent | Commentaires (0)
15/05/2013
Dans les pas de Char
A L'Isle-sur-la-Sorgue, guère de traces de René Char : un vilain cours embouteillé, pas même un livre en devanture des librairies. Pour le retrouver il faut prendre l'air, fouiller l'invisible des collines, humer les tapis de pierres, frémir dans les corridors qu'emprunte le vent, de Montmirail au Ventoux, dans le silence de ses pas...
Les sentiers, les entailles qui longent invisiblement la route, sont notre unique route, à nous qui parlons pour vivre, qui dormons, sans nous engourdir, sur le côté.
23:17 Publié dans René Char | Lien permanent | Commentaires (0)