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10/04/2013

Ne plus jamais purifier

Vraiment, il est des jours où le spectacle du monde étouffe, où le mille-feuilles des turpitudes et incohérences humaines devient par trop indigeste, où l'on voit revenir des mots souillés que l'on pensait indicibles. Purifier disent-ils... comme si ce chemin n'avait jamais mené au charnier...

Alors en ces jours comme en d'autres, bien meilleurs, tout n'est pas noir, loin de là, restons encore une fois sur une page de Michaux... Lorsqu'il écrit Emportez-moi son humeur n'était peut-être pas politique, mais faisons quand même nôtre aujourd'hui ce poème de sauvegarde.

Emportez-moi dans une caravelle,

dans une vieille et douce caravelle,

dans l'étrave, ou si l'on veut dans l'écume,

et perdez-moi au loin, au loin.

 

Dans l'attelage d'un autre âge.

Dans le velours trompeur de la neige.

Dans l'haleine de quelques chiens réunis.

Dans la troupe exténuée des feuilles mortes.

 

Emportez-moi sans me briser, dans les baisers,

dans les poitrines qui se soulèvent et respirent,

sur les tapis des paumes et leur sourire,

dans les corridors des os longs et des articulations.

Emportez-moi, ou plutôt enfouissez-moi.

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