03/04/2013
A la mémoire des poètes lamentables
Hier, le mot poésie a fait la une d'un grand quotidien national (Libération), quelle chance ! Malheureusement c'est M. Houellebecq qui en parlait. Et, comme souvent, ce triste provocateur dit des choses un peu bêtes, assénées comme de suprêmes vérités. Ainsi la poésie contemporaine serait lamentable et ne vaudrait rien à côté de celle du 19è siècle... Misère, voilà, en une ligne, un siècle d'écrits foutu à la poubelle !... Que dire, sinon redonner très vite la parole à l'un de ces poètes "lamentables", Henri Michaux par exemple, dans un extrait de Je suis né troué, et renoncer, encore une fois, à lire Libé...
C'est à gauche, mais je ne dis pas que c'est le coeur.
Je dis trou, je ne dis pas plus, c'est de la rage et je ne peux rien.
J'ai sept ou huit sens. Un d'eux : celui du manque.
Je le touche et le palpe comme on palpe du bois.
Mais ce serait plutôt une grande forêt, de celles qu'on ne trouve plus en Europe depuis longtemps.
Et c'est ma vie, ma vie par le vide.
S'il disparaît, ce vide, je me cherche, je m'affole et c'est encore pis.
Je me suis bâti sur une colonne absente.
18:12 Publié dans Henri Michaux | Lien permanent | Commentaires (0)
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