Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

21/03/2013

Outils posés sur une table

Souvent le poète regarde les cieux, puis ses mains... puis il contemple le vide de la nuit et encore une fois ses mains... enfin, il pose sur la table ses outils de travail... ce qui se passe ensuite c'est Jean Tardieu qui en parle le mieux...

Mes outils d'artisan

sont vieux comme le monde

vous les connaissez

Je les prends devant vous :

verbes adverbes participes

pronoms substantifs adjectifs.

 

Ils ont su ils savent toujours

peser sur les choses

sur les volontés

éloigner ou rapprocher

réunir séparer

fondre ce qui est pour qu'en transparence

dans cette épaisseur

soient espérés ou redoutés

ce qui n'est pas, ce qui n'est pas encore,

ce qui est tout, ce qui n'est rien,

ce qui n'est plus.

 

Je les pose sur la table

ils parlent tout seuls je m'en vais.

14/03/2013

Jaccottet lit Char

Quand un poète se fait lecteur d'un de ses confrères, il est juste inutile d'ajouter un quelconque commentaire. La parole est donc à Jaccottet citant Char.

A partir de l'incertitude avancer tout de même. Rien d'acquis, car tout acquis ne serait-il pas paralysie ? L'incertitude est le moteur, l'ombre est la source. Je marche faute de lieu, je parle faute de savoir, preuve que je ne suis pas encore mort. Bégayant, je ne suis pas encore terrassé. Ce que j'ai fait ne me sert à rien, même si ce fut approuvé, tenu pour une étape accomplie. Magicien de l'insécurité, le poète..., juste parole de Char. Si je respire, c'est que je ne sais toujours rien. Terre mouvante, horrible, exquise, dit encore Char. Ne rien expliquer, mais prononcer juste.

03/03/2013

Hommage aux passeurs

Une pensée ce jour pour les passeurs de poésie, ces grands lecteurs qui donnent à toute langue poétique un passeport d'éternité... En lisant, inlassablement, en donnant à lire, en récitant, en chantant, en allant au vent un poème en bandoulière...

Trois d'entre eux sont partis coup sur coup et ce sont trois voix qui manqueront : Alain Gheerbrant, l'un des éditeurs d'Antonin Artaud et d'Aimé Césaire, Stéphane Hessel, est-il utile de le présenter ?, et l'astre noir, Daniel Darc.

Pour eux, ces quelques lignes du poète absolu, René Char; miroirs de l'amour qu'ils portèrent tous au pouvoir jamais éteint du poème...

Dans le chaos d'une avalanche, deux pierres s'épousant au bond purent s'aimer nues dans l'espace. L'eau de neige qui les engloutit s'étonna de leur mousse ardente.

L'homme fut sûrement le voeu le plus fou des ténèbres : c'est pourquoi nous sommes ténébreux, envieux et fous sous le puissant soleil.

Poésie, unique montée des hommes, que le soleil des morts ne peut assombrir dans l'infini parfait et burlesque.

09:12 Publié dans René Char | Lien permanent | Commentaires (0)