04/12/2012
Continents noirs
Dans une salle du Musée d'Art moderne de Strasbourg, les formes noires d'Annette Messager surgissent de la pénombre et font une masse silencieuse sur la mémoire. Le temps se suspend et laisse une voix gronder, monter, surgir... Cette voix met un temps infini à se définir. Mais bien des jours après, on la reconnaît et l'identifie, c'est celle de Paul Celan et des premiers vers de Strette.
Porté
sur le terrain
avec la trace qui ne ment pas :
Herbe, écrite-séparée. Les pierres, blanches,
avec l'ombre des tiges :
Ne lis plus - regarde !
Ne regarde plus - va !
Va, ton heure
n'a pas de soeurs, tu es -
es de retour. Une roue, lentement,
tourne d'elle-même, les rayons
grimpent,
grimpent sur un champ noirâtre, la nuit
n'a pas besoin d'étoiles, nulle part
on ne s'inquiète de toi.
19:30 Publié dans Paul Celan | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.