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13/07/2017

Le dernier royaume (4) : les ombres errantes

Nommez ce qui est précieux. Triez, affinez, cernez, puis, dénommez ce qui est au-delà du précieux. L'intime est hors-jeu, évidemment. Aucun écrit ne sera jamais aussi précieux que le corps, la parole, la présence des êtres aimés. 

Toutefois, il est des penseurs qui s'approchent assez près de notre firmament affectif pour revêtir le temps de trois lignes les oripeaux du père, du frère... Et même un peu plus, ce soir, Pascal Quignard est un ami, un confident... Le dernier royaume, vol.1, Les ombres errantes.

 

Sans solitude, sans épreuve du temps, sans passion du silence, sans excitation et rétention de tout le corps, sans titubation dans la peur, sans errance dans quelque chose d'ombreux et d'invisible, sans mémoire de l'animalité, sans mélancolie, sans esseulement dans la mélancolie, il n'y a pas de joie.

08/07/2017

Un chant, ou le poème de la révélation

Que chacun, chacune, se remémore cet instant où une voix, un chant, une musique, une idée, un désir, une vision, un rêve... auront pris à revers le paquet des nerfs...

Dans le 33è poème de la 14è poésie verticale, Roberto Juarroz dit tout cela, et bien plus encore... Qu'est-il utile de rajouter ?

 

Un chant se retourne

et se verse en dedans.

Il touche le rêve de l'homme,

le labyrinthe fluvial de son sang,

la passion qui le harcèle,

le centre pèlerin de l'amour,

le pâle coin des absences.

 

Le chant le parcourt

comme le vol d'un oiseau.

Et subitement ce vol

se convertit en nuée

dans un ciel oublié.

 

Lorsqu'il surgit à nouveau,

la voix n'est pas celle qui chante.

Les mains chantent aussi,

la peau, l'homme entier,

son visage, son ombre.

Et tout se transmet :

l'infini chante.

 

Il ne sera plus nécessaire désormais

que le chant revienne à se tourner.

 

Désormais il est pareil

de chanter en dehors ou en dedans.