01/05/2015
Une brassée d'air
Chaque matin, un poème. Affirmation de la lumière au revers de la nuit. La vie toujours neuve, en trois lignes ou trois pages posées sur la peau du jour.
Les compagnons de l'aube sont toujours moins nombreux, toujours plus intimes. Chaque saison les renforce et l'on se reconnaît jusque dans la buée de leur oeil. Pesée des mots qui deviennent nôtres.
Philippe Jaccottet, première Notes nocturnes dans le recueil Après beaucoup d'années.
Adossé, vermoulu,
à ce pilier à peine moins précaire,
j'aimerais ne plus délivrer que des paroles
qui éparpillent les toits
(car même un toit de paille pèse trop
s'il vous sépare du rucher nocturne).
Je ne veux plus des labyrinthes,
même pas d'une porte :
juste un poteau d'angle
et une brassée d'air.
Déliés les pieds, délié l'esprit,
libres, mains et regards :
alors le deuil nocturne
est entamé par en bas.
10:18 Publié dans Philippe Jaccottet | Lien permanent | Commentaires (0)
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