27/09/2014
Henein le matin, suite
Même poème, même émerveillement devant cette faculté à dire en cinq lignes ce qui taraude l'esprit d'une partie de l'humanité, minoritaire on l'espère... Il serait tellement plus simple de ne jamais chercher, ne jamais interroger, ne jamais douter... Henein et les autres poreux sont heureusement là pour celles et ceux qui cherchent, pour les aider à mieux vivre cette quête, quotidienne, muette et nécessaire...
dans les sous-bois du langage
une voix cherche à dire
le premier mot de la journée
comme on cherche sa clé
sur le palier dans le noir
08:52 Publié dans Georges Henein | Lien permanent | Commentaires (0)
20/09/2014
La force de saluer
Ami de Calet, correspondant de Michaux, figure d'un temps littéraire où le silence valait élégance, Georges Henein avait toute sa place ici. Manquaient seuls les mots exemplaires qui lui en ouvriraient les portes, les voilà extraits d'un poème foudroyant, Une éxécution intime. Toutefois c'est le titre du recueil dans lequel il figure qui trace le portrait le plus clair de Henein : La force de saluer. On ne saurait mieux dire...
c'est un instant toujours émouvant
que celui où l'on se demande
certains matins
si l'on va pouvoir reconnaître la vie
si les choses ont gardé la même place
si les places ont gardé le même nom
et s'il reste quelque part un miroir de secours
où l'on cesserait enfin de se voir
où l'on verrait plus loin que soi
08:53 Publié dans Georges Henein | Lien permanent | Commentaires (0)
08/09/2014
Vigie des roches
On ne lit bien, finalement, que ce qui réveille en nous une mémoire vive... on en retient le regard partagé, la mesure d'un monde qui nous rassure. Comme on ne vit bien que dans le droit fil d'une émotion retrouvée, reconnue, reçue, redonnée... Est-ce bien cela que veut dire Philippe Jaccottet, en se posant ici comme vigie des roches, à la vigilance intense ?
Ici, la lumière est aussi ferme, aussi dure, aussi éclatante que les rochers. Mais il y a, jetés sur eux, ces velours, ces toiles usées, cette laine râpeuse. C'est toute la montagne qui s'est changée en troupeau, en bergerie. Tout est lié, tout se tient, tout tient ensemble, comme au premier jour. C'est pourquoi on est dans cet espace immense comme dans une maison qui vous accueille sans vous enfermer.
C'est ici qu'est né le jour, aujourd'hui.
Aucun doute ici n'a lieu. Tout est debout, tout est ferme et clair. Tout est calme.
22:52 Publié dans Philippe Jaccottet | Lien permanent | Commentaires (0)