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08/02/2013

Regarder la mer

Sur une plage, sur une grève, au bout d'une jetée de port, sur un ponton, au bord d'une falaise, sur une crique de galet, sur la lande, vous l'avez peut-être aperçu, cet être figé dans un dialogue muet et intense avec l'horizon et les flots.

Dans Une histoire de bleu, livre immense, Jean-Michel Maulpoix l'a également croisé et en fait cet émouvant portrait.

L'un d'entre nous parfois se tient debout près de la mer.

Il demeure là longtemps, fixant le bleu, immobile et raide comme dans une église, ne sachant rien de ce qui pèse sur ses épaules et le retient, si frêle, médusé par le large. Il se souvient peut-être de ce qui n'a jamais eu lieu. Il traverse à la nage sa propre vie. Il palpe ses contours. Il explore ses lointains. Il laisse en lui se déplier la mer : elle croît à la mesure de son désir, elle s'enivre de son chagrin, cogne comme un bâton d'aveugle, et le conduit sans hâte là où le ciel a seul le dernier mot, où personne ne peut plus rien dire, où nulle touffe d'herbe, nulle idée ne pousse, où la tête rend un son creux après avoir craché son âme.

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