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06/03/2011

Michaux et Celan

Quand en Avril 1970 Paul Celan met fin à ses jours en se jetant dans la Seine, Henri Michaux écrit Le jour, les jours, la fin des jours qu'il sous-titre Méditation sur la fin de Paul Celan. Il semble qu'il s'agit de la seule dédicace explicite dans l'oeuvre de Michaux. Il est certain que c'est l'un des plus saisissants portraits de l'absolue détresse qui emporte certains d'entre nous.

Sans qu'ils parlent, lapidé par leurs pensées

Encore un jour de moindre niveau. Gestes sans ombres

A quel siècle faut-il se pencher pour s'apercevoir ?

Fougères, fougères, on dirait des soupirs, partout, des soupirs

Le vent éparpille les feuilles détachées

Force des brancards, il y a dix huit cent mille ans on naissait

déjà pour pourrir, pour périr, pour souffrir

Ce jour, on en a déjà eu de pareils

quantité de pareils

jour où le vent s'engouffre

jour aux pensées insoutenables

Je vois les hommes immobiles

couchés dans les chalands

Partir.

De toute façon partir.

Le long couteau du flot de l'eau arrêtera la parole.

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