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14/12/2009

Le sel de la langue

C'est un livre jaune qui attendait son heure sur les rayons de la bibliothèque. Pages maintes fois tournées pourtant sans que rien n'achoppe. Et puis un soir il revient en main et révèle dans sa dernière page le sens de son existence alors si discrète. Il donne la raison d'être de ces notes et, pour une fois, ce n'est pas un citation qui sera l'écho de ces mots mais un poème entier.

Ecoute, écoute  : j'ai encore

une chose à dire.

Ce n'est pas important, je sais, ça ne va pas

sauver le monde, ni changer

la vie de personne - mais qui

est aujourd'hui capable de sauver le monde

ou seulement de changer le sens

de la vie de quelqu'un ?

Ecoute-moi, je ne serai pas long.

C'est peu de chose, comme la bruine

qui commence lentement à venir.

Ce sont trois, quatre mots, guère

davantage. Des mots que je veux te confier.

Pour que ne s'éteigne pas leur feu,

leur feu bref.

Des mots que j'ai beaucoup aimés,

que j'aimerai peut-être encore.

Ils sont la demeure, le sel de la langue.

Eugenio de Andrade

 

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