09/11/2017
Lignes de vie
Nous parlerons ici d'un temps sans écrans, sans interface, sans virtualité. Où la seule vitalité de l'esprit ne pouvait s'exprimer que sur et via des supports simples et nobles. Un moment d'ennui ? Un besoin de distraction ? Papier, plume, encre, voix, entre autres s'offraient naturellement.
Henri Michaux nous entretient de ce temps, lui qui voyageait, écrivait, peignait, griffonnait sans relâche, emplissant les interstices de l'existence, inventant une langue, s'inventant par le geste, imposant à son imaginaire une ligne de vie par la création de lignes vitales.
Extrait de Lignes.
Alevins de l'eau nouvelle d'un sentiment qui point, parle, rit, ravit ou qui déjà par moments poignarde
Echappées des prisons reçues en héritage, venues non pour définir, mais pour indéfinir, pour passer le rateau sur, pour reprendre l'école buissonnière, lignes, de-ci, de-là, lignes,
dévalantes, zigzagantes, plongeantes pour rêveusement, pour distraitement, pour multiplement...en désirs qui s'étirent, qui délivrent.
Débris sans escortes, le réel déminé,
souris du souvenir indéfiniment se profilant à l'horizon de la page,
ou bien tracés légers d'avenir incertain.
D'aucune langue, l'écriture -
sans appartenance, sans filiation,
lignes, seulement lignes.
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